USA : scandaleux burgers


Voici une raison supplémentaire de s’écarter de la food américaine : elle ne nourrit même pas décemment ceux qui travaillent pour elle. Pourquoi ces entreprises qui font du militantisme à tour de pub ne paient-elles pas leurs employés dignement, c’est-à-dire 5,45 euros (7,25 dollars) de l’heure ?

Dans les manifs qui empoisonnent l’ambiance sociale des fast food aux Etats-Unis, on lit des pancartes ahurissantes : «Je suis un humain» ou «Nous ne pouvons pas survivre avec 7,25 dollars», battons-nous pour 15 dollars»… Huit mois que dure la bagarre qui commence à faire tache d’huile. Ce salaire indigne est, en fait, le salaire minimum fixé par l’État fédéral. Les salariés en sont réduits à vivre dans des foyers pour sans-abris ou dans leurs voitures ! Dans ces entreprises où les salariés acceptent des conditions déplorables, il n’y a pas (ou peu) de diplômés, le travail est contraint, la culture syndicale égale à zéro.

Qu’ils viennent de che McDonald’s, KFC, Domino’s, Wendy, Burger King ou encore Taco Bel, c’est partout la même déprime. Il faut qu’un soutien d’une organisation internationale des syndicats de service soit organisée pour casser ces conditions inadmissibles de travail : ici, c’est 19 h par semaine, de 20 h à 4 h du matin, pour 150 dollars, sans assurance maladie, pourtant obligatoire depuis la réforme Obama.

Facebook fédère les protestations, les langues se délient, la peur n’est plus toujours aussi dissuasive. L’hypocrisie de Burger King et McDo prétendant servir de porte d’entrée dans la vie active pour des millions d’Américains est à son comble lorsque Scott DeFife, vice-président de l’Association nationale des restaurants, annonce qu’un doublement du salaire amènerait du chômage. Même McDo a reconnu que pour boucler une fin de mois chez McDo, il faut… deux salaires pour David Cooper, économiste à l’Economic Policy Institute.

Obama a coupé la poire en deux en proposant fin juillet 9 dollars, une idée soutenue par les trois quarts des Américains. Ça pétitionne, mais cela n’encourage pas les US à boycotter ces établissements. Le plus scandaleux est que ces entreprises de la malbouffe n’ont jamais autant augmenté leurs marges : selon notre source, le groupe Yum ! Brands, propriétaire de KFC, a vu ses marges augmenter de 45% entre 2007 et 2011, et McDonald’s de 135% !

Et ce n’est pas tout : les deux tiers des 6 millions d’emplois créés depuis 2010 sont à moins de 14 dollars. C’est l’économie des bas salaires.  «En valeur, le salaire minimum est aujourd’hui plus bas que dans les années 60, sauf dans une dizaine d’Etats, qui ont choisi de l’indexer sur l’inflation», conclut David Cooper.

 

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Source : Libération, 13 août 2013

 

 

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