Si vous avez vu le film La planète blanche du Franco-Brésilien Thierry Ragobert, vous pourrez poursuivre votre quête du monde avec la planète verte qui s’appelle cette fois-ci Amazonia. D’un côté, le monochrome (pour nous, mais pas pour les Inuit), de l’autre, le polychrome débordant de la forêt brésilienne, la sur-densité de végétal et d’animal entre ciel et eau, au milieu de ce monde saturé, de violentes taches de couleur. « Le tatou et le toucan voisinent avec le dauphin rose et le scarabée rhinocéros, l’anaconda avec l’ara macao, le vautour royal avec le singe hurleur ou laineux » (J.-L. Bourget (*).
On pourrait croire que Amazonia est un documentaire. Pas vraiment. Car l’histoire de ce petit singe capucin, né et élevé chez les humains, va devoir s’habituer à l’univers de la forêt lorsque son avion s’écrase en Amazonie.
Derrière cette fiction, il y a un procédé que Flaherty et Disney utilisaient déjà (*) : le petit singe est un nouveau Robinson naufragé qui rencontre son Vendredi. Sa descente des rapides, ce sont les périls de Dollie et Lilian Gish qu’on a vus dans A travers l’image. Pour J.-L. Bourget, le mickeymousing musical se substitue au commentaire. Tout cela baigne dans une écologie bien pensante. »En 1952, Alain Gheerbrant, filmant l’expédition Orénoque/Amazone, met l’accent sur ‘les hommes qu’on appelle sauvages‘ ; aujourd’hui, le sauvage a disparu et comme dans ‘La forêt d’émeraude‘, c’est le civilisé destructeur du biotope qui apparaît in fine comme un prédateur plus dangereux que le jaguar, le caïman et la harpie féroce réunis« .
Belle leçon !
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(*) Positif, n° 633, p. 56