A rebours de l’idée d’une thrombose générale liée au vieillissement, notre époque vit quelque chose de merveilleux : enfin, le vieillissement généralisé de sa population. Fini le temps des guerres menées par de  jeunes Bonaparte ou d’ambitieux officiers ! Place à la tranquillité et à la sagesse. Nous sommes dans une phase de transition qu’on va appeler « transition gérontologique ».

Jérôme Guedj, haut fonctionnaire issu de la gauche, ambitieux élu de l’Essonne né en 1972, reprend (1) pour cette étape de nos sociétés riches (ou moins riches d’ailleurs, puisque la Chine vieillit aussi), reprend donc le principe de « design universel ». Fini l’adaptation des vieux au monde brutal des jeunes qui se débarrassent de leurs parents dans des mouroirs appelés hypocritement « résidences pour personnes âgées » ou « pour aînés » comme on dit au Québec où le mot « vieux » est interdit. Ce sera donc la société qui s’adaptera aux vieux.

Nul besoin de singulariser en nommant des « conseils d’aînés« . Il faut valoriser ce qui améliore la vie de tous, des jeunes (qui en ont bien besoin) et des vieux (qui, souvent, en ont les moyens).  La Suède a déjà pris le pli : aucune personne âgée en déambulateur à Stockholm, même avec 50 cm de neige dans les rues, n’est gênée pour accéder au métro ou au plus acrobatique des commerces. L’accessibilité à tous (y compris les handicapés) est une règle depuis des lustres. En France, les urbanistes s’y mettent. Maintenant, il faut améliorer ce qui doit l’être dans le système de santé, hôpitaux comme médecine libérale.

Jérôme Guedj s’appuie (2) aussi sur la théorie du « care » et tente de dénouer ses rouages administratifs. La silver économie est en route : les gérontechnologies devront oeuvrer pour l’indépendance et l’autonomie et la fin de l’enfermement généralisé.  On applaudit des deux mains.

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(1)« Plaidoyer pour les vieux (Tout est politique) », Jérôme Guedj, éditions Jean-Claude Gawsewitch, sept. 2013.

(2) En ligne sur son blog : http://blog.jeromeguedj.fr