Centrafrique: L’Afrique en désordre


Ci-dessus: Un soldat français, mercredi, à Bangui. © Emmanuel Braun / Reuters

L’Oubangui-Chari

Alors que Nelson Mandela vient à peine de disparaître, les violences en République Centrafricaine nous rappellent à la dure réalité du continent: des conflits nombreux et polymorphes, quasi-permanents, qui concernent indistinctement civils et « militaires ». Mais qui connaît la RCA? Pays enclavé au centre topographique de l’Afrique effectivement, d’où son nom, c’est l’ancienne colonie de l’Oubangui-Chari, colonie française maltraitée comme tant d’autres territoires coloniaux. Territoire aux contours flous, arbitraires, administré de manière non moins arbitraire, et partagé entre plusieurs populations qui n’avaient a priori pas grand chose à partager. Les puissance coloniales ont créé en Afrique autant de Tchécoslovaquie ou de Yougoslavie, c’est à dire des état artificiels, conçus sans l’avis des populations concernées, et lourds de problèmes complexes, voire de guerres. Manipuler les populations au gré des intérêts des métropoles a été accepté comme un fait historique, et c’en est un certes, mais doit-on pour autant considérer que ces territoires soient devenus des États achevés, organisés? La réponse est bien évidemment non…

Si l’on remonte un peu dans le temps, on découvre que cette RCA a connu l’un des tyrans les plus absurdes et les plus imprévisibles du XXe siècle: Jean-Bedel Bokassa. Arrivé au pouvoir en 1965 à la faveur d’un coup d’état, son sacre comme empereur en 1977  faisait explicitement référence à celui de Napoléon Ier. Mais sa politique étrangère étant par trop opposée aux intérêts français, il perd le pouvoir en 1979.

C’est la France qui précipite la fin de Bokassa, par l’intermédiaire de ses « troupes spéciales ». C’est cette même France qui intervient à présent pour tenter de « rétablir l’ordre ». Mais comme on fustige les États-Unis pour leur appétit de pétrole en Irak, on pourrait critiquer la France qui cherche certainement aussi à protéger ses intérêts dans le pays: l’uranium de Bakouma, propriété d’Areva, rappelle que les considérations humanitaires en recouvrent souvent d’autres. On en parle moins aux informations télévisées.

Les affrontements actuels entre rebelles et ex-rebelles (!) se confessionnalisation et créent une vraie situation d’insécurité dans le pays, c’est indéniable. La présence de forces capables d’éteindre les exactions est sans doute souhaitable. Mais cela ne réglera en aucun cas ni des découpages de frontières aberrants, ni des tensions économiques très fortes, ni une instabilité politique inhérente à la configuration du pays.


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