Comment les milliardaires détruisent le monde


Sur la fascination qu’exercent sur beaucoup de nos contemporains les « ultra-riches », il faut lire ce constat livré par deux journaliste et fiscaliste canadien, Linda McQuaig et Neil Brooks  dans leur enquête : Les milliardaires : comment les ultrariches nuisent à l’économie (éd. Lux).  « Pour saisir toute la démesure de la fortune du milliardaire, on peut se demander de combien de temps aurait besoin Bill Gates […] pour compter ses 53 milliards. S’il les comptait jour et nuit, sans jamais s’arrêter, au rythme d’un dollar par seconde, il bouclerait l’exercice en 1 680 ans. Autrement dit, s’il s’était attelé à la tâche en 330, année où l’empereur romain Constantin faisait bouillir sa femme vivante et inaugurait sa nouvelle capitale de Constantinople, il serait aujourd’hui tout juste en train de finir. » Absurdité, obscénité de ces montagnes d’argent…

Le culte du Roi qui se prenait pour le soleil ou celui de Bernard Arnault qui marie sa fille à Versailles et tente l’évasion fiscale en Belgique appartient au même chapitre de l’histoire. Que n’entend on pas sur Bill Gates et sa fondation, Georges Soros et ses chèques « humanitaires« , les grandes fortunes comme s’il s’agissait de grandes oeuvres. Leurs propriétaires seraient donc des virtuoses qui contribueraient aux progrès et mériteraient les louanges dans les médias qu’ils achètent et font distribuer parfois gratuitement le matin dans le métro.

Russes désoeuvrées à Moscou (2006)

Or, cette concentration de pouvoir entre si peu de mains coûte beaucoup plus d’argent à la société qu’elle n’en rapporte. Linda McQuaig et Neil Brooks dressent une enquête à charge sur l’impact négatif sur la qualité de vie de millions de personnes et, surtout, elle constitue une menace directe au fonctionnement même de la démocratie. La déraison justifie la satire mordante de ces prétendus bienfaits collectifs de l’ultra-richesse et aboutit, grâce au travail de Neil Brooks à des propositions sur une fiscalité plus juste.

L´ouvrage Les milliardaires entreprend une démolition en règle des justifications apportées à l’existence de fortunes aussi démesurées que déraisonnables. Bien documentée, cette satire mordante des prétendus bienfaits collectifs de l’extrême richesse se termine en ouvrant les possibilités d’une fiscalité plus juste.

Le politologue Alain Deneault qui préface le livre n’ y va pas par quatre chemins : « Plutôt que de contribuer à la richesse collective, les milliardaires en vivent et la ponctionnent. On pourrait même dire que les vrais assistés sociaux, ce sont eux. » Alors qu’ils aiment brandir leurs feuilles d’impôt, ils n’expliquent jamais que leurs impôts s’accroissent parce qu’ils touchent une fraction plus importante de l’ensemble des revenus, « accaparant ainsi une large part du pécule collectif ». Quant à ceux qui pratiquent l’évasion fiscale : « Ces cas-là nuisent carrément à l’économie nationale en se soustrayant aux règles de droit. »

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Le journaliste Hervé Kempf avait déjà publié, en 2009, Comment les riches détruisent la planète. En décrivant le train de vie des dirigeants de ces sociétés, leurs multiples résidences, leurs automobiles de grande consommation, leurs yachts et leurs avions, il en concluait au lien entre leur mode de vie et les lois laxistes sur l’environnement, adoptées par ces grands consommateurs pour qui le gaspillage est une culture.
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On peut lire aussi une enquête sur la vie à Saint-Tropez.

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