Avant le ralenti du temps, pendant que les réveillons mijotent et digèrent (*), l’essayiste R.-P. Droit tente une « métaphysique de la guirlande » dont il ne veut pas voir seulement l’aspect décoratif, mais la généalogie depuis les fleurs tressées de l’Antiquité, symboles de fécondité, l’ornement des façades ou des appartements bourgeois.
Pour lui, les guirlandes corrigent la spontanéité de la nature qui devient un décor sur les corniches. On « agence », on cherche un équilibre, on met en ordre le monde. Comme cela se fait en architecture, en musique, en peinture. On n’est pas loin du tissage en quoi Platon voyait le paradigme de l’action de gouverner. L’idée peut intéresser les géographes qui travaillent sur les territoires dont ils assemblent les parties pour homogénéiser l’espace, corriger les inégalités. Un bon territoire a une guirlande de qualité ! Une guirlande qui se retrouve dans les événements qui font sens, les jalons qui donnent une vision globale du temps et de l’espace
Si tout le monde peut voir des guirlandes qui tressent les actions de l’homme dans des combinaisons plus ou moins aléatoires, Charles Fourier (années 1820) y voit la transition des désordres anciens à la prospérité future. Faut-il voir en tout bon géographe l’artisan d’une guirlande réussie ? « Le Père Noël ne faisant qu’un bref passage, c’est le moment d’y croire... »
P. c. c.. R-P. Droit
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Source : R.-P. Droit, Métaphysique de la guirlande, Les Echos, 21 décembre 2013