Alors que tant de migrants ne parviennent pas à obtenir de quoi vivre dignement dans les pays riches, qu’ils peuvent être renvoyés à la frontière, tel cet étudiant japonais, formé par Robuchon, travaillant dans un restaurant parisien où il apprend encore notre gastronomie, sommé de déguerpir parce que son visa a expiré, alors donc que des centaines de millions d’êtres humains rêvent d’un avenir meilleur, le gouvernement de Malte offre désormais d’acheter un passeport. Attention, ce pays ne fait pas la charité, mais plutôt l’aumône. Pour réduire ses déficits publics.
Pour devenir citoyen maltais, il faut acheter une cahute d’au moins 350 000 euros et faire un investissement financier d’au moins 150 000 euros, et quelques menues contributions individuelles pour chaque membre de votre tribu si vous venez en famille. Ne râlez pas ! Car vous vivrez sur des îles « paradisiaques » et si vous êtes allergique aux impôts, c’est également le paradis. Mieux : vous n’êtes pas obligé d’habiter à Malte pour en être dispensé.
Ça grince du côté de Bruxelles. Même si le Royaume-Uni, l’Espagne ou le Portugal vous brossent le cuir si vous investissez, et vous fait de menus cadeaux comme des visas ou permis de séjour arrangés, aucun État n’a été jusqu’à vendre des passeports. Ni offrir, de fait, la liberté de circuler en Europe puisque Malte fait partie de l’espace Schengen. Ça grince au Parlement européen, car cette faille institutionnelle de la liberté de fixer ses règles d’acquisition de la nationalité est utilisée contre l’esprit européen qui abhorre les discriminations. Voici donc comment des délinquants de la planète financière en surchauffe à Moscou ou dans de nombreux paradis fiscaux risquent de s’acheter une honorabilité à peu de frais pour eux.
Au boulot, messieurs les juristes européens, si vous ne voulez pas faire de l’Union européenne un terrain de mafieux et truands qui prendront leurs aises pendant qu’on mourra toujours à deux pas de Malte, sur les rafiots de Lampedusa.