Il y a des lieux sur notre planète qui ont acquis le statut d’espaces « sacrés » et qui drainent des foules de pèlerins : hier, pour des raisons religieuses (Saint-Jacques de Compostelle étant un modèle du genre pour l’Europe), aujourd’hui pour des raisons bien plus confuses que les spécialistes du tourisme ne savent pas trop classer. Jérusalem fait partie de ceux-là et le Saint Sépulcre en particulier.
Pour les historiens, ce lieu qui fut le tombeau d’un contestataire du pouvoir romain et juif, crucifié avec deux brigands et enterré moins de trois jours – avant de disparaître physiquement – est du pain bénit. Car tout a changé, tout a été détruit, recouvert, reconstruit, fouillé et plus on avance dans le temps, moins on en sait. Il n’empêche : l’aviation commerciale amène de nouvelles foules et la géographie s’en empare comme sujet de recherches.
Faut-il, obsessionnellement, chercher le lieu exact de cet événement mystérieux d’une résurrection corporelle, probablement en l’an 27 de notre ère ? Un tombeau enkysté dans les murailles de Jérusalem, ou à l’extérieur comme le prétend Charles Gordon au XIXe siècle ? Ce jardin de la tombe (photo) situé dans les environs de la porte de Damas correspondrait à une description de Jean (19, 41) mais cette hypothèse serait écartée. Pourtant, le Jardin est un lieu de pèlerinage pour les protestants…
Ce lieu qu’on appelle Saint Sépulcre a été l’objet d’une construction très ambitieuse de l’empereur Constantin qui intégra tout ce qu’on savait à l’époque dans une énorme basilique, mise à sac par les Perses sassanides au VIIe siècle, puis occupée par les Arabes. Ce qui fut l’objet des croisades et… des fouilles par les Croisés recherchant l’ancienne basilique constantinienne. La reconstruction à partir du XIe siècle n’a pas simplifié l’authentification du lieu qui a été plus ou moins entérinée par la basilique actuelle.
Faute de pouvoir offrir à tous les chrétiens d’aller en pèlerinage à Jérusalem, les Églises ont souvent dupliqué le tombeau sacré, un peu comme la grotte de Lascaux qui a été reproduite à l’identique. Rien qu’en France, vous pouvez pèleriner à Lanleff (XIe siècle), à Neuvy-St.-Sepulcre (1045), à Toulouse (vers 1090), à Charroux (1047), à Quimperlé (vers 1100), à Saint-Léonard (1120), à Villeneuve d’Aveyron (XIIe siècle) ou à Romans-sur-Isère (1516). Les Franciscains ont diffusé aussi le chemin de croix qui est un chemin sacré, qu’ils balisèrent à Jérusalem et dont nombre d’églises se sont équipées diversement.
Ces lieux sacrés sont des balises géographiques de ce que certains appellent un pèlerinage sur la terre en parlant de leur vie et celle de l’humanité.
En une: « Jardin de la Tombe », à Jérusalem