(ONU : AG à New York)
Moins facile à décrypter que la guerre, directement servie par la géographie selon Yves Lacoste (La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre, 1976), la paix est un état du monde qui intéresse quelques chercheurs dont Guillaume Devin.
La paix serait suspecte ? Croire en une coopération internationale utile serait de la naïveté ? De la faiblesse ? Faudrait-il être tous des tueurs comme le croient certains politiques qui revendiquent de l’être (comme NKM à Paris qui assume et se dit fière de l’être) ? Guillaume Devin prend le contrepied de cette approche. Notre monde est imparfait, mais se pacifie. Lentement. De manière irrégulière, mais sûrement.
Par ces temps hypnotisés sur 1914 et ses boucheries, on se rirait de fêter la naissance d’une Union télégraphique, d’une Société des nations dont on a enseigné aux jeunes la faillite plutôt que de montrer qu’elle fut le berceau des Nations unies.
La paix, pour Guillaume Devin, n’est pas un « moment » dans l’histoire, mais un système de processus coopératifs transformant les relations internationales par un encadrement des rapports de puissance. La famille des Nations unies compte 13 institutions, 12 fonds et programmes, 6 organismes de recherche et de formation, 5 commissions régionales, une vingtaine d’organes subsidiaires et commissions techniques, le tout pour un budget très modeste par rapport à ces ogres que sont les États. 9000 mandats ont été confiés par les États à l’ONU. Serait-on encore grinçants comme le fut De Gaulle qui brocardait le « machin » lorsqu’on sait que c’est l’organisation qui fait avancer les chantiers comme les biocarburants, l’énergie nucléaire et civile et les questions de santé mondiales, le commerce international fae aux normes sociales ? La coopération se mondialise avec les normes, les standards, les valeurs. Mais Guillaume Devin n’a pas assez abordé la question des ONG qui sont aussi des formes nouvelles de coopération internationale.
« Pourquoi ne croyons-nous pas au déclin de la violence guerrière depuis 1945 ? » se demande Johua Goldstein. Sans doute parce que la concurrence médiatique pousse à favoriser le sensationnel, que les acteurs de la coopération n’aiment pas vanter leurs victoires de peur de perdre leurs financements ? Sans doute aussi parce qu’il y a trop d’attentes nouvelles qui provoquent des déceptions quand les visions sont trop ambitieuses ?