Les courses en bateau, des course pour faire rêver les sédentaires…


La route du Rhum 2014. Source: larep.fr

Voilà, la 10e édition de la Route du Rhum s’achève par la victoire de Loïc Peyron, au bout de sa septième tentative. Course en solitaire, course transatlantique, la Route du Rhum a lieu tous les quatre ans depuis 1978.  Tout le monde insiste sur la popularité de cette course, qui draine des millions de (télé)spectateurs et rivalise avec le Tour de France. Traversée effectuée en solitaire sur des navires de haute technicité, la route du Rhum répond certainement à des aspirations profondes chez nos contemporains. Ce sont des courses qui font rêver, du moins c’est ce que répètent les media  leur propos. Contrairement aux courses auto-moto, les courses maritimes révèlent des vertus bien spéciales, qui semblent enraciner dans un passé lointain, car la navigation en mer a toujours été un défi lancé aux éléments. Et l’élément marin, l’océan, représente un défi permanent. C’est une confrontation difficile car on ne s’improvise pas skipper du jour au lendemain, et la maîtrise technique de la navigation est souvent le fruit d’un long apprentissage et d’une pratique prolongée de la voile.

Saint-Malô-Pointe-à-Pitre, toute une traversée au gré des éléments et de la météo. Mais à des vitesses impressionnantes pour des navires à voile, de l’ordre de 60km/h, parfois plus… Ce sont des bateaux d’une grande complexité à piloter à cause de leur finesse. Comme si, les techniques spatiales liées à la guerre froide s’étant affadies, les efforts s’étaient appliqués sur Terre, à travers les techniques de navigation… Car c’est toute une machinerie financière qui porte et soutient ces projets de bout en bout, de sorte que ces magnifiques navires n’ont pas échappé au phénomène de transformation en « bateaux sandwich », comme on pourrait parler d’hommes sandwich pour le sport. Les bateaux portent donc le nom de leur sponsor. Le rêve s’en prend un coup, mais cela semble la seule solution pour maintenir et développer ces courses…

Pourtant, lorsqu’Alain Gerbault écrivait Seul à travers l’Atlantique paru en 1925, il ne s’imaginait certainement pas les développements futurs de sa propre épopée. Etrange destinée que la sienne, qui ressemble à une quête d’absolu parfois aux frontières de la mort. Sa volonté de « fuir la civilisation » peut faire penser à Henri de Monfreid, lui-même très critique vis-à-vis de l’Europe colonisatrice. Sa traversée de l’Atlantique en solitaire en 1923, dans des conditions dificiles, lui prend plus de 100 jours! A comparer avec les prouesse actuelles: Loïc Peyron est parti le 2 novembre, est arrivé le 10… Gerbault était parti de Gibraltar et était arrivé à New York.

On peut sans doute le considérer comme l’ancêtre de tous ces pilotes en solitaire. Et bien des courses maritimes ont été créées depuis. On peut citer le Trophée Jules Verne, tour du monde en équipe, mais aussi le Vendée Globe, et d’autres encore…

L’ »Olympus » de Mike Birch, vainqueur 1978 de la Route du Rhum.

Toutes ces courses mettent en valeur la beauté des navires, et la valeur des équipages. Car fondamentalement, le marin, même avec un navire extrêmement sophistiqué et tous les contrôles satellites possibles, reste à la merci des océans, qui restent incontrôlables. C’est peut être pour cette raison que les courses maritimes remportent un certain succès, et ce malgré leur marchandisation croissante et leur médiatisation parfois excessives. Le face à face avec la mer reste déterminant. Depuis la première victoire de Mike Birch, en 1978, du chemin a été parcouru, mais les principes restent les mêmes.

Alors que la majorité d’entre nous reste « coincée » sur la rive, les quelques marins qui s’aventurent dans l’immensité font comme racheter notre propre immobilité de terrien pressé, emporté par le flot non pas marin mais des contingences de la vie quotidienne.

En une: Loïck Peyron pendant le trophée Jules Verne 2012. Remarquer la devise sur la coque: « I’m free » (je suis libre)…


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