Géographie humaine du petit coin et de l’intimité


On va crier à la trivialité : que représentent les toilettes comme espaces géographiques ? Les dernières terrae incognitae, après les prisons désormais étudiées ? Une étude parue en 2014 signée Hygiene Matters de SCA aurait été réalisée par les cabinets United Minds et Cint (enquête en 2014 sur un total de 13 492 répondants dans treize pays : Brésil, Chine, France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède, Mexique, Pays-Bas, Russie, Afrique du Sud, Royaume Uni, Etats-Unis). Pour chaque pays, environ 500 femmes et 500 hommes interrogés, sur la base de la méthode des quotas (âge, sexe, etc.) présentée par Elodie Buzaud sur cadremploi.fr qui a isolé ce que font les Français.

Un espace clos pour communiquer dans le monde entier

A méditer

« La plupart des salariés français utilisent les toilettes mis à leur disposition par leur employeur… pour ce à quoi elles sont destinées. 77 % ont ainsi un usage classique des W-C, sur les 1 000 salariés français sondés, 23 % s’y lavent les mains ou s’y rafraîchissent et 21 % y changent de vêtements. »

11% s’enferment aux toilettes « pour une pause ». Pour le téléphonage, on s’attendait à bien plus : 15% et un peu moins, 12%, pour échanger des SMS.

 

Plus cocasse et carrément stupide  : 7 % y mangeraient, 3% y fumeraient, 2% s’y allongeraient pour dormir et autant pour faire de l’exercice… Sur le blog publiant cette étude qui s’apparente à des bobards, un internaute se demande s’il s’agit de comportements quotidiens. Un matheux a repris le questionnaire  : « Il y a moins de 16 millions de salariés en France. 4% qui pleurent chaque jour dans les wc, cela fait 640 000 chaque jour. Sans compter ceux qui se retiennent jusque chez eux, ou ceux qui le font ailleurs. C’est énorme, conclut-il« . Un blogueur qui s’y connaît peut-être parle d’y « tirer un rail » ou un autre, surpris, évoque l’oubli d’une question sur les pratiques et échanges sexuels.

Un défouloir militant

On oublie surtout les différents types d’équipement de cet espace clos. Les nouvelles technologies l’ont ouvert au vaste monde. Au Japon très technophile, on peut se retrouver face à un tableau de bord très complet qui  n’attend plus que la connexion internet pour des vidéos.

On oublie aussi le rôle de défouloir, de support pour graffitis qu’ont été les toilettes dans le passé (moins aujourd’hui).

Il n’y a sans doute pas matière à faire une thèse, encore que les études internationales sur le manque d’équipements en Inde et d’autres pays en développement commencent à alerter l’opinion internationale sur les conséquences sanitaires.

Mais les espaces qui protègent quelques actes privés qu’on ne peut pas faire dans l’espace public pourraient être mieux travaillés. Que deviennent les salles d’examen dans lesquelles les étudiants ne craignent plus la fraude grâce internet, si on en croit le Figaro ? Terra incognita ou autruche dans le sable ?

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Pour info, on signalera l’avance prise par les historiens sur la naissance de l’intimité (exposée à Marmottan, à Paris). Depuis quand la toilette se fait-elle dans un cabinet fermé ? Les Chinois des campagnes, encore contraints aux espaces collectifs, en rêvent.

En une: le travail aux toilettes. Source : www.dhnet.be/actu/societe/

 

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3 réponses à “Géographie humaine du petit coin et de l’intimité”

  1. Il existe un charmant « Lire aux cabinets » de Henry Miller où pourtant notre grand camarade se montre tout à fait…hostile à cette activité !

    • Merci à vous, je suis seul à présent pour m’en occuper. Les « archives » restent je pense actuelles, mais l’idée serait de reprendre les contributions, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.

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