La bière est une catin qu’il est difficile de séduire. Elle ne fait rien comme les autres. Elle fut de terroir, d’abbaye, attachée à sa brasserie où on la consommait sur place. Et puis les Allemands et les Tchèques ont mis au point des techniques pour les faire voyager un peu plus. Les Belges et le Hollandais H., les Américains et les Japonais, les Brésiliens et bien d’autres ont copié ces bières de fermentation haute, « légères ». Ils en ont fait des marques dont certaines ont des ambitions mondiales. Il faut se rappeler les mots d’un certain Heineken qui rêvait avec sa bouteille verte de faire « le Coca Cola de la bière » ! Et des envieux qui regardaient son succès…
Aujourd’hui, la planète brassicole est toute chamboulée. Il y a toujours des concentrations d’entreprises avec des logiques mondiales, mais ce sont les bières artisanales dont le concept est américain qui tiennent le haut du pavé du goût. Les petites montent, montent au fur et à mesure que s’émousse le goût de ces bières si légères qu’elles n’en ont plus de goût, qu’il faut les aromatiser au gingembre, au whisky, à l’orange, que sais-je…
La carte publiée sur Huffingtonpost donne des bières « préférées » à partir des chiffres de vente…, anomalie que relève bien Cédric Garbe (université Lille-3) : « Cela m’étonnerait que la 1664 soit la bière préférée des Français et la Jupiter celle des Belges »… La carte montre surtout l’échec de l’industrialisation de la bière, même si les grands groupes ne sont pas tous au bord de la faillite. Les boissons comme tous les aliments restent fortement identitaires et la géographie en est l’une des composantes les plus fortes. On en viendrait à se demander ici si la notion de terroir tant attachée au territoire ne donnerait pas des sites industriels comme producteurs de cette identité-là…
Le biérologue et géographe Quentin Blum avait bien analysé les bières artisanales dans son mémoire de master et des recherches annexes. Et cela n’a pas vieilli, bien au contraire !
En une: les bières du Pas-de-Calais. Source: www.saveurs-npdc.com
Une réponse à “Bière : le terroir peut-il être industriel ?”
Je reste persuadé que la Jupiler est la bière préférée des belges, c’est certainement celle qui est la plus bue dans les cafés et dans les foyers. On ne la trouve pas à l’étranger car c’est la Stella qui y est plus commercialisée.