Les élections départementales, avec leur cortège de changements, ont bouleversé un peu plus le paysage politique français. Mais les nouveaux conseils qui élisent leurs présidents ce jeudi sont l’expression de découpages territoriaux fluctuants et complexes.
Les cantons ont presque toujours été l’objet de redécoupages incessants et pas toujours très glorieux, de même que les circonscriptions électorales, au gré des changements supposés ou effectifs de majorité. A cette échelle de territoire, les incidences sont nettes, car les enjeux budgétaires, notamment, sont forts, même si les électeurs ne les voient pas toujours. Certains candidats ont en outre insisté sur le vote sanction contre la politique actuelle du premier ministre et, plus largement, de la majorité au pouvoir. Mais c’est sans doute se tromper de cible.
Ces élections locales mobilisent souvent les mêmes vieilles barbes de la politique locale, recyclés pour la énième fois, et à la recherche permanente des indemnités promises par le poste de conseiller départemental, même si elles mettent en avant leur volonté de servir « l’intérêt général ». Cet aspect de la politique n’est guère évoqué, mais malheureusement, force est de constater que le métier de politique implique la volonté farouche de se maintenir au pouvoir. Car perdre les élections, c’est comme être licencié…
On peut espérer que ces nouveaux conseils feront un travail important, à l’heure du désengagement de l’état central. Mais la fusion des cantons (la moitié disparaissait à l’occasion de ces élections), n’augure rien de bon. Une fois de plus, la logique comptable à court terme l’emporte sur une logique territoriale beaucoup plus ancienne, source de légitimité et de stabilité politique. Le problème de cette politique locale, c’est le manque de renouvellement du personnel, et ses compétences, un problème finalement valable à tous les échelons de la politique. Subir des élus pendant des décennies, c’est le meilleur moyen de saper l’attrait pour la politique. L’Italie a supprimé le Sénat, et les maires italiens ne peuvent pas faire plus de deux mandats: peut-on seulement imaginer cela en France? Ce serait un séisme politique qui aboutirait à un vrai renouvellement de la vie politique nationale. Mais qui osera?
En une: la carte des élections cantonales de 2011, avec les anciens découpages. Source: société Arctique