A Lyon, Guignol va se servir à nouveau de sa batte de base-ball. Dans le vieux quartier Saint-Jean que l’UNESCO a inscrit au patrimoine mondial (le deuxième plus grand quartier Renaissance après Venise), l’association Lugdunum Torgnole entraîne aux sports de « boxe défense » (photo ci-contre de la boutique). Non loin d’un bar avec « saucisson biologique », La Traboule, les identitaires lyonnais ont investi le quartier pour « résister à la culture globale et à la destruction de nos identités ». Ils invitent ce dimanche 20 juin 2015 l’écrivain Renaud Camus pour une réunion publique à l’invitation du Bloc identitaire sur le thème du « grand remplacement ».
Que se passe-t-il donc, dans ce quartier (ci-contre) qui fut rénové à grands frais pour faire de Lyon la capitale touristique qu’elle méritait d’être ? Les villas florentines où la violence des mœurs de la cité toscane avaient sans doute court à la Renaissance, sont redevenues le théâtre de mauvais coups. Une fois les hordes de touristes rentrés le soir à l’hôtel, le quartier ainsi désert redevient le point de rendez-vous de l’extrême droite radicale locale.
L’enracinement de ces mouvances date de 2010. Les agressions dans les bars et les restaurants, kebab compris, se sont multipliées. Qui cherche la bagarre ? C’est Reybene, branche lyonnaise de Génération identitaire, c’est l’Oeuvre française, ultranationaliste normalement dissoute depuis 2013 à la mort de Clément Méric, ce sont les rats noirs du GUD (Groupe Union Défense), un groupe d’extraction étudiante, créée à Lyon en 2011, les supporteurs ultras de l’OL, les Bad Gones et les Cosa Nostra (eux aussi, officiellement dissous) : tous pratiquent beuveries et intimidation, voire violences.
Pour eux, le territoire du 5e arrondissement lyonnais est « naturellement » le leur. Maïté Darnault (1) rapporte qu’ils se considèrent au pied de Fourvière à la bonne « adresse », garante de leur identité. Alors que les commerçants râlent contre ce « piratage de patrimoine ». Incontestablement, la Manif pour tous leur a permis un retour dans l’espace public ainsi marqué par les stickers, des tractages dans les boîtes aux lettres, des stands d’affiche « Je suis Charlie Martel » au pied de la cathédrale lyonnaise et aux entrées du métro (1).
Le local de Lugdunum Torgnole sert de refuge lors des agressions, notamment lors des opérations de vandalisation des plaques de la rue Juiverie, célèbre pour son très bel hôtel de Bullioud. Les soirs de match, la consommation d’alcool fait souvent dégénérer l’ambiance rue Saint-Jean. Gones et Fenottes deviennent vite menaçants. Depuis la marche des cochons qui avait été interdite par le préfet en 2011, les liens entre certains groupes comme ceux qui fréquentent la nouvelle Maison bleue se sont resserrés. Alexandre Gabriac (exclu du FN pour salut nazi) et Yvan Benedett (fondateur de l’Oeuvre française avec une branche Jeunesses nationalistes, officiellement dissoutes depuis 2013) pilotent notamment d’après le site internet une « boutique nationaliste » et une salle d’entraînement de boxe.
Lyon qui fut une capitale de la résistance, le berceau d’un catholicisme social audacieux, est ainsi devenue un puzzle territorial où pourraient s’affronter violemment des groupes au sein d’un centre ville quelque peu déserté par sa population fuyant les contrariétés de la touristification à outrance.
Lyon, qui a résisté aux sanglants révolutionnaires de 1793, réveille-toi !
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Libération, 19 juin 2915
2 réponses à “Dans le Vieux Lyon, il y a des loups”
Diable ! Je doute que tel évènement se produise dans 900 ans encore !
Leur idéologie serait-elle moins dangereuse sans l’alcoolisation ?
En tout cas, ils sont représentatifs de la barbarie inhérente de la société de l’automobile dont le maire constitue l’un des suppôts avec son onéreux métro …
« Bouffer du Lyon ! »
La règle géographique qui semble vraiment dominer la planète et tout ce qu’elle contient est l’appropriation. Depuis la sédimentation lacustre qui s’approprie une cuvette pour s’opérer, jusqu’aux ostréiculteurs qui s’approprient le littoral et envasent les plages, en passant par la fourmilière qui sape le pied des murs, il en va toujours de même. (…) Ainsi, pour parler d’identité il est nécessaire de sortir de sa signification mathématique ou morale égalitaire et d’envisager une sorte de loi du mimétisme trivial que l’on pourrait résumer par le slogan bien pensant de : « Qui se ressemble s’assemble ». C’est alors, une autre géniale invention de la nature qui apparait, celle de la procréation. La multiplication du nombre et de l’abondance, l’invasion, la prolifération, la conquête de l’espace, sont autant de phénomènes inévitables mais dont la règle d’existence est bien connue depuis que Charles Darwin l’ait éminemment décrite. C’est bien la nourriture qui régie le nombre, et tous les Gnous et crocodiles du monde le savent bien, sans parler des requins Réunionnais.
Si le saucisson et le beaujolais dont la consommation est bien régulée par les douces préconisations diététiciennes, par contre, la nourriture pour pègre ne semble pas suivre les mêmes recommandations. Sans vraiment en connaitre la consistance on pourrait imaginer qu’à l’instar de celle du rat, le déchet en constitue le plat de résistance. Déchet de l’urbanisation, déchet de la pensée, déchet de la raison. Hors, nul est besoin de passer par les beaux rayons en-néontés de la grande distribution lyonnaise pour s’en procurer. Le déchet est universel, bien réparti sur la planète, facile d’accès, bon marché, abondant en zone urbaine, et il est même recommandé de le consommer sans modération surtout lorsqu’il n’est pas bio-dégradable et qualifié d’ultime. Bien sûr, il existe quelques effets indésirables liés à son ingestion, sans les nommer on peut cependant en citer quelques-uns :
Guerres civiles et religieuses
Destructions de joyaux culturels et historiques
Esclavagisme et avilissement
Inversion des valeurs du bien et du mal
Génocides impunis
Eruption urticante de pègre
En fait, rien de vraiment alarmant, pour Lyon, et l’on peut continuer sans s’inquiéter à observer, depuis Fourvière et par beau temps, le Mont blanc et la fonte rapide de sa Mer de glace, mais qui vue de loin reste cependant, elle aussi, tout à fait insignifiante.