Les Anglais sont déroutants. Ils se blindent dans leur forteresse verrouillée depuis Calais. Dans le même temps, le Guardian donne la parole à six chercheurs anglais sur la crise démographique européenne. Ils pointent un si grand déficit de natalité qu’ils envisagent un recours à l’immigration comme solution parmi d’autres à cette crise du «manque de bébés» (1).
L’Espagne et la Grèce, deux futures Corses ?
Les géographes ne sont pas surpris. Avec un indice synthétique de fécondité (et non pas un taux de natalité comme on lit souvent) de 1,55 enfants par femme, l’Europe s’achemine vers le suicide. Et ne parlons pas de l’Espagne et de la Grèce littéralement saignées par l’exode des jeunes au pied d’une montagne de chômage. Ces deux pays vont devenir de gigantesques Corses où ne vivront que des retraités et quelques jeunes s’occupant d’eux. Tout comme le Portugal qui devrait perdre 4 millions d’habitants (sur 10 millions) d’ici les deux générations à venir.
Quant à l’Allemagne, on se demande si Angela Merkel qui a promis d’accueillir cette année 750 000 migrants dont une majorité de Syriens (très éduqués, riches ayant fui la guerre) ne vise pas à repeupler son pays qui court à la catastrophe démographique : «Un nombre record d’immigrants ont risqué leur vie cet été pour essayer d’entrer en Europe. La police et les forces de sécurité essaient coûte que coûte de les maintenir à quai, un véritable paradoxe alors qu’une crise démographique frappe le continent», estiment en choeur les auteurs de l’article du Guardian, Ashifa Kassam, Rosie Scammell, Kate Connolly, Richard Orange, Kim Willsher et Rebecca Ratcliffe. Pendant qu’à deux pas des plages, les retraités (dont certains ont vécu la Deuxième guerre mondiale) se la coulent douce dans les parcs et jardins.
Si l’Angleterre ferme ses frontières ?
Une situation qui ne concerne pas la France. Pour l’instant. Mais la question va se poser autrement dans les semaines qui viennent. La Tribune de Genève rapporte le cas d’un Soudanais de 24 ans : «L’Angleterre c’est bien, mais je suis fatigué». Sadam, coincé à Calais, a décidé de faire une demande d’asile en France, mais pour lui comme pour les autres migrants, c’est davantage par dépit que par réelle adhésion. Ils iront se poster sur le trottoir faisant face à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Offi) dans le centre de la ville, attendant leur tour pour demander l’asile.
Maya Konforti, de l’association L’Auberge des migrants, estime que l’accélération du traitement annoncée par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve n’a pas eu d’effet significatif. «Il y a deux mois, on a donné des papiers à 111 Erythréens en 24 heures. Mais c’était une autre annonce coup de poing, ils ont fait ça un samedi puis c’était terminé, et ça a fait des jaloux», raconte celle que les migrants appellent affectueusement «Mama».
Mais le militant dénonce la tendance à ce que la «new jungle» devienne «un bidonville servant de stockage aux demandeurs d’asile».
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(1) Source : Slate
http://www.slate.fr/story/71941/fecondite-politique-familiale