« Chacun devrait faire son tour de France, cela devrait être inscrit au programme des écoles. » A l’occasion de la rentrée, question pour géographe : qui avait osé faire une pareille offre géographique ? Hollande, qui vient des Pays-Bas ? Sarkozy, de Hongrie ? Valls et Hidalgo, d’Espagne ? NKM dont les ancêtres sont polonais ? Non, un bien franchouillard nommé Daudet, comme le vieux Léon, mais au prénom plus frais de Lionel. « Le Dod », pour les intimes, a pris quinze mois de sa vie survoltée il y a quelques années pour tracer la frontière française, littoral compris. 10 000 kilomètres, « plus de 1000 sommets » authentifie le blog, qu’il a mis dans sa poche non sur une route ou un sentier, mais cherchant plutôt les côtes, les sommets, les emmerdes.
« La diversité existe parce que les frontières existent (sic). J’ai parcouru un territoire morcelé par des dizaines de fractures internes, un véritable conglomérat (re-sic) de caractères forts, de paysages, d’architectures, de comportements ». Cette découverte renversante, il l’a faite avec cordes, piolets, crampons, et beaucoup de parapente, VTT, kayak, suivi par sa femme, aidé par Isabelle Autissier et Franck Ardisson (maître en kayak, pour les ignares). Tout cela parce que la géographie scolaire ne dut pas lui suffire. Parce que le chemin de ronde appris par le Tour de France, la guerre de 14, les forteresses de Vauban, les districts frontaliers, les camps de réfugiés de Calais, les centrales nucléaires de Gravelines, de Flamanville et du Blayais, les calanques de Cassis et le tombolo de Quiberon, tout cela n’avait sans doute jamais existé.
A la journaliste Nathalie Lamoureux transie par ce « poète, écrivain, alpiniste génial, le plus inventif de sa génération » (1), l’aventurier aux huit orteils amputés raconte la frontière belge que l’interviouveuse traduit comme un « jeu de pistes entre les fossés de vase et les tourbières ». Encore ébaubie par tant d’audace, elle rapporte ces mots du Dod : « Un sportif cycliste fait du vélo, un sportif kayakiste fait un kayak. Là, je souhaitais être sportif en tous domaines : marche, escalade, vélo, kayak, voile, parapente. Cette aventure a fait voler mes frontières internes pour aller vers encore plus d’empathie vis-à-vis des autres« . (sic).
Bien entendu, en plus du blog où Doddy raconte ses exploits, Stock nous fourgue un livre à la gloire du héros : « Le tour de la France, exactement ». C’est’y pas beau, la géographie avec les gentils héros ?
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(1) Le Point, 13 août 2015
Et l’interview du grand homme ici. A faire lire dans les classes.
En une : Dod au sommet de la gloire (Mont Blanc)