Brexit!


Les Britanniques votent au moment ou j’écris ces lignes, pour rester ou non au sein de l’Union Européenne. Écho étrange à la coupe de l’Euro, qui, elle ne subit ni entrave ni interdiction. Il faut bien du pain et des jeux pour faire oublier un contexte social tendu…

On le sait, les débats sur le »Brexit » ont été plus que passionnés, et ont conduit jusqu’au meurtre de la députée Jo Cox favorable au maintient de la Grande Bretagne au sein de l’Union. Should I leave or should I stay? La question va être tranchée aujourd’hui.

Que penser de ce déchaînement passionnel et des peurs suscitées par l’éventuelle sortie de la Grande Bretagne de l’UE? On peut se rappeler les discours cataclysmiques brandis à différents moments de l’histoire de l’UE: premier psychodrame, le traité de Maastricht de 1993, qui laissait entendre que ceux qui étaient contre étaient contre l’Europe. Confusions volontaires, raccourcis rhétoriques et simplification des débats faisaient donc croire que l’avenir de l’UE était réellement en jeu. Mais c’était surtout celui de la monnaie unique, à laquelle nous sommes finalement arrivés, après bien des sacrifices et des reculades sociales.

Puis vint le « traité à valeur constitutionnelle » de 2005 qui fit dire à certains que si jamais ce traité n’était pas ratifié, l’Europe se retrouverait dans une situation de guerre civile. Ce n’est pas arrivé, le traité n’a pas été ratifié, mais il s’est transformé en Traité de Lisbonne, imposé par le haut.

A présent, la Grande Bretagne débat de l’intérêt et de la pertinence de son maintien dans l’Union. C’est sûr, avec l’abandon de souveraineté que représente la création de la Banque Centrale Européenne « indépendante » des pouvoirs politiques peut être, mais certainement pas des grand groupes financiers internationaux, et lorsqu’on voit le sort réservé à la Grèce depuis que le pays a dévissé, on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt de rester dans l’Union.

Pourtant, la Grande Bretagne a conservé sa monnaie, tout comme la Suède par exemple. A bien des égards, la Grande Bretagne fait bande à part vis à vis de l’Union, sans oublier ses liens transatlantiques avec les USA qui semblent largement prendre le pas sur ses liens continentaux. On l’a malheureusement vérifié dans le cas du programme Echelon.

Car la Grande Bretagne est fascinée par les USA, son enfant, et s’est toujours pensée différente du continent et de ses problèmes. L’insularité n’est donc pas un vain mot dans le cas de la Grande Bretagne, et ce référendum en est un nouvel avatar. En revanche, l’égoïsme bien connu du pouvoir britannique se vérifie une fois de plus: car à l’époque où de Gaulle faisait obstruction pour l’entrée de la GB au sein de ce qui étai encore à l’époque la Communauté européenne, le pays était en guenilles. La crise de grande puissance impériale frappait de plein fouet le pays. Les black lands et le chômage de masse étaient une réalité angoissante pour le pays. Son entrée dans l’Union lui a donc profité. Le fameux slogan de Margaret Thatcher, « I want my money back! » pour protester sur le principe de solidarité au sein de la Communauté, a frappé les esprits. En fait, le vote d’aujourd’hui se place dans cette perspective du chacun pour soi. Si je perds, je demande de l’aide, mais si je gagne, je récupère ma mise. Cela ne semble pas une posture très glorieuse.

Mais au fond, ce sont les débats autour de la souveraineté et de l’abandon de souveraineté qui restent pertinents dans le cas du Brexit. La crise migratoire a ébranlé l’édifice européen déjà peu stable, car cet ensemble politique et surtout commercial peine à exister politiquement. Et toutes les couleuvres libérales que l’on nous a fait avaler en nous promettant des lendemains sociaux qui chantent ne passent plus. Comme le dénonçait déjà Raoul-Marc Jennar à l’époque du Traité constitutionnel, la trahison des clercs européens est un drame qui conduit au cynisme et à l’égoïsme le plus étroit, voire au national-populisme comme on le voit un peu partout.

Les ponts qui ornent les billets de la monnaie unique pourraient bien se rompre avant même d’avoir fonctionné. Reste à savoir si la sortie de la Grande Bretagne, inédite pour l’histoire de l’Union, pourrait y contribuer.

Mais, comme le disait l »humoriste britannique John Oliver, « Britain would be absolutely crazy to leave it especially because, if it stays, it can reap all the benefits while still being a total dick about everything,” Ce serait compliment fou que l’Angleterre sorte de l’Union, parce que, si elle reste, elle peut rafler tous les bénéfices tout en continuant à se comporter comme une vrai conne dans tous les domaines ».

En une: la campagne en Angleterre. Source: Libération.fr


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