Paris a connu hier, dimanche 25 septembre, une nouvelle « journée sans voiture », à la suite d’opérations du même genre initiées en 2015. Cette année, la journée sans voiture devait revêtir une plus grande importance.
Comme le montre la carte fournie par la ville de Paris, c’est environ la moitié du Paris intra-muros qui devait rester libre de voitures, à l’exception des taxis, bus et riverains.
Une journée mondiale sans voiture existe, qui essaie de promouvoir cette idée de libérer la ville de l’emprise de la voiture. Mais le nombre de voiture par habitant n’a cessé d’augmenter en France et ailleurs dans les pays riches depuis les années 1980. Devant ce fait statistique, on peut s’interroger sur la pertinence et la validité de cette pratique de journée sans voiture, qui peut apparaître comme une parenthèse exceptionnelle dans un pays totalement dominé par le transport routier par camion et voiture.
Journée sans voiture : Paris piéton
Comme le fait remarquer ce reportage de France TV, les automobilistes autorisés à circuler à l’intérieur du périmètre réservé n’ont même pas réussi à respecter la limite de vitesse fixée à 20km/h. Ce n’est pas un détail: cela signifie que personne n’a intégré en tant que conducteur le fait de préserver les autres lorsque l’on traverse des espaces prioritairement piétons.
Mais effectivement, il est salutaire de faire redécouvrir l’ambiance urbaine sans le vacarme des voitures. Ne nous y trompons pas cependant: ce ne sont pas les voitures en elles-mêmes qui sont bruyantes, ce sont les moteurs Diesel ou à explosion. Si les voitures étaient toutes électriques ou à air comprimé, la vie quotidienne dans les grandes villes serait déjà tout autre. Mais la suprématie du pétrole affecte directement l’atmosphère sonore et olfactive des villes. Et sans doute pour longtemps encore.
Il y a ensuite les questions de sécurité, puisque les automobilistes conduisent en général sans respecter aucune limitation de vitesse. Là aussi, revenir à des espaces publics dégagés des chauffards ordinaires, c’est de fait intéressant.
On redécouvre aussi et surtout deux éléments qui intéressent de près la géographie: d’une part le fait que c’est plutôt la voix humaine qui devient le son dominant de l’espace urbain, comme c’était le cas avant l’arrivée de l’automobile en ville. Et le fait que les espaces publics (rues, places, carrefours… ) sont immédiatement appropriés par les « autres » usagers, piétons d’abord, cyclistes, rollers etc. C’est surtout cela qui est fondamental, car le danger représenté par les voitures trop rapides, et les nuisances directes engendrées par les moteurs, rendent les espaces urbains publics souvent hostiles, voire impraticables par les piétons. Les commerçants restent souvent persuadés que la circulation apporte de la clientèle: c’est exactement le contraire, on le sait bien. La voiture engendre dans la plupart des cas des espaces répulsifs. Elle fait fuir le chaland.
Il conviendrait donc de prendre appui sur ces journées sans voitures pour proposer une vraie transition vers « autre chose », mais il faudra alors affronter l’un des mythes les plus puissants de notre époque, le mythe automobile. Et le lobby automobile.
Pour en savoir plus:
http://www.paris.fr/journeesansvoiture
https://journeesansvoitures.wordpress.com
En une, image extraite du site FollowFrancine.
2 réponses à “Une journée sans voiture: qu’est-ce à dire?”
Votre cliché de carte postale est intéressant car il illustre l’impasse idéologique du début du 20è siècle qui débouchera sur la tyrannie de la bagnole : L’architecte de l’opéra fit campagne pour empêcher l’établissement de tramevoies devant son édifice et obtint gain de cause, déraison qui conduisit à l’absence de transport de surface non polluant : Rappelons qu’avant les gaz d’échappement automobiles, les déjections chevalines constituaient 1 nuisance non négligeable ; Des trams mécaniques auraient constitués la solution la plus efficace en évitant le creusement du métropolitain tel qu’on le connait ! Le problème demeure identique aujourd’hui avec le « métrautomatique« projet délirant poussé par des édiles corrompus, une presse vénale et l’opinion ignare même si elle n’est aussi ignorante que les élus veulent le faire croire pour lui imposer leur volonté délictueuse . En effet, comme à « la belle époque », la lubie {franglais = lobby] automobile peut s’appuyer sur les thuriféraires du métro … Dommage que le GPE de la SGP ait été présenté sans analyse sérieuse de son réel impact, les critiques ne se sont organisées en opposition structurée qui eût pu contester le bien-fondé de cette horrible chimère .
Bonjour Monsieur Brice Gruet,
Il est vrai que dans l’espace des partisans du moindre effort, pour venir à bout d’un problème, on utilise un procédé expéditif qui est de le supprimer purement et simplement plutôt que de s’évertuer à le résoudre. C’est ainsi qu’opèrent de plus en plus nos élus urbains devant cette question qu’ils considèrent comme un fléau et donc agissent en professionnels de la dératisation.
Plus qu’un mythe (fondateur d’une pratique sociale), ou un lobby (Groupe de pression) l’automobile est bien la réponse adaptée à un réel besoin qu’on les individus de se déplacer. Les en priver est du même ordre que d’organiser la pénurie de pain ou de lait. C’est donc une mesure d’abord discriminatoire, puisque l’on distingue ici les ayants droit d’utilisation des interdits, et ensuite contre démocratique puisqu’allant à l’envers des désidératas du peuple.
Comme vous le dites si bien et si simplement, le concept automobile n’a rien en soit de nuisible ni d’horrifiant comme voudraient bien nous en persuader nos décisionnaires élus. C’est bien au contraire, par tous les intérêts qu’il représente un bienfait public. Par contre, oui effectivement, le fabricant de ces outils médicamenteux et bienfaiteurs pour l’humanité, adopte une logique très Monsanto-sienne au point de nous faire produire des déchets sans qu’ils ne soient aucunement concernés par leur traitement à postériori. Si les nombreuses et efficaces mesures de règlementation de la circulation automobile étaient appliquées, et elles le sont en général, sauf lorsque les pouvoirs publics font preuve de laxisme, alors le problème de l’automobiliste nuisible n’existerait plus.
Seule, la « bagnole » polluante, bruyante, sur consommatrice d’énergie, tueuse d’atmosphère et de planète, est à revoir, et il faudra bien qu’on oblige les producteurs, d’une manière ou d’une autre, à y remédier.
Le réel problème que pose l’automobile est donc bien lié à son concepteur plutôt qu’à son utilisateur, et c’est ici que se situe le lobby.
Merci de votre approche de géographe très élaborée et bien intéressante. Je ne suis pas sûr qu’elle suffise en soit à modifier l’espace carboné et pétrolifère de la planète.
Bien respectueusement
Pierre Chabat
PS : Ont été recensées en 2010 plus d’un milliard d’automobiles dans le monde. Il serait effectivement souhaitable pour tous nos semblables que nous passions rapidement à 7 milliards. De quoi faire briller les yeux de nos constructeurs-financiers. Mais ont-ils une « petite » idée de ce qu’une journée sans voiture dans les villes représentera comme manque à gagner ?