Lampedusa : un territoire peut-il être prix Nobel de la paix ?


Lampedusa, porte d’entrée en Europe

Lampedusa.Non pas le célèbre romancier sicilien, auteur du Guépard,  mais bien ce bout d’ile-pont entre Italie et Tunisie, qui résonne depuis quelques années par les naufrages qui ont lieu sur ses côtes. Des migrants d’origine africaine y perdent la vie par milliers. Le journaliste Fabrizio Gatti, qui avait déjà enquêté sur les naufrages, a lancé l’idée à la suite de la mort de treize jeunes Erythréens ayant fui une dictature et des Egyptiens à cinquante mètres d’une plage sicilienne, chassés par des passeurs les obligeant à sauter dans l’eau à coups de fouet, puis quelques jours plus tard, un naufrage de chalutier d’Erythréens et Somaliens qui portait, début octobre, à 6 825 morts (depuis 1994),

Fabrizio Gatti, de L’Espresso, a proposé qu’après l’Union européenne qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 2012, Lampedusa puisse être nobélisée cette année. L’Europe a dépensé des millions d’euros pour sécuriser ses frontières avec sa police, Frontex mais aucune norme sur l’immigration n’a été votée. Chaque Etat est maître chez lui.

Sans projet commun, les conventions sur les devoirs d’assistance aux refugiés sont lettre mort. L’absence de corridors humanitaires a fait prospérer les mafias de passeurs. Gatti propose de rompre le silence en demandant sur le site de L’Espresso qu’on attribue le Nobel à ceux qui fuient les guerres en Afrique et au Moyen-Orient. « Et puisque le Nobel ne peut être remis à ceux qui ont disparu en mer, je propose de l’attribuer – au nom des morts et des survivants – à la petite commune de Lampedusa et à ses habitants qui n’ont jamais cessé de ramener les corps à terre« .

Une loi absurde italienne prévoit que les 155 survivants soient jugés ! Alors que Lampedusa est comme le port de New York pour nous, Européens, qui sommes allés parfois aux Etats-Unis pour fuir la misère au début du 20e siècle. A Lampedusa aujourd’hui, les clandestins et citoyens ne s’ignorent pas.

Gatti raconte ceci d’inouï : en 2005, pour comprendre ce que vit un réfugié, d’une embarcation, il se jette à l’eau, pas très sûr de lui, se met à crier à l’aide et il est sauvé par un habitant qui le repêche, lui prête son tee shirt pour le réchauffer et dit ceci qu’il n’est pas censé comprendre : « Et dire que ce pauvre gars, ça fait presque 5 heureus qu’il appelle à l’aide. Je l’ai entendu crier. Je croyais que c’était un des touristes qui dorment sur la plage. Mon Dieu, pardonne-moi, il est congelé, il tremble, courage, on t’apporte une couverture« . Il s’est mis à genou, m’a frictionné les pieds. Gatti l’a revu à la sortie de son livre, Massimo Costanza, c’est son nom, n’est pas secouriste, mais père de famille et électricien.

Sans le prix Nobel à Aung Suu Kyi, on n’aurait rien su de la dictature birmane. Il faut donc faire connaître au monde entier ce qui se passe aux portes de l’Europe.

 

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La pétition pour la candidature de Lampedusa au prix Nobel de la paix 2014 est consultable sur le site : http://temi.repubblica.it/espresso-appelli/pour-une-candidature-de-lampedusa-au-prix-nobel-de-la-paix.


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