Très impliquée dans le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), la juriste Claire Rodier lève le voile sur un aspect peu traité par les géographes : le business de l’immigration illégale. Certains États ne veulent pas faire le sale boulot de gestion des flux migratoires. Même l’Union européenne délègue à Frontex (photo), une entreprise créée en 2005 sa politique de lutte contre les migrants clandestins. Une entreprise dont le budget, voté par le Parlement européen, a été multiplié par 15 en cinq ans…
Pire, les industriels qui équipent les frontières de systèmes techniques passent par Frontex. Prenez les drones : ce matériel est fabriqué par les industries d’armement recyclant du matériel de guerre… Claire Rodier doute que le flux toujours important de migrants justifie l’usage d’un tel matériel militaire. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, des sociétés privées s’occupent de la rétention non judiciaire, de l’expulsion. Exemple : la firme multinationale G4S, mise en cause dans le décès de l’Angolais Jimmy Mubenga fait savoir à ses investisseurs en Bourse qu’elle « préserve une capacité à générer de la croissance et à créer des emplois« .
Voilà pourquoi Claire Rodier écrit Xénophobie business. A quoi servent les contrôles migratoires ? (La Découverte). Le marché du migrant au mépris des droits humains.