12.12.12 à Hongkong, 13.12.12 à Stockholm


Date magique à Hongkong

Nous n’avons jamais été des modernes, écrit Bruno Latour dans un livre très controversé. Et pourtant, en constatant combien l’Occident, la Chine et tant d’autres pays sont attentifs aux calendriers et ses hasards numériques, on se demande si notre prétention à nous croire supérieurs aux numérologues, astrologues et autres computologues du temps des cathédrales, n’est pas déplacée.

Sept cents couples se sont échangés leurs serments le mercredi 12 décembre 2012 à Hongkong, soit quatre fois plus que d’habitude. Même si le record du 11 novembre 2011 n’a pas été battu. On dira que les Hongkongais se marient moins pour la magie du triple chiffre que pour la sonorité du 12-12-12 en cantonais, le tout se prononçant « yat sun yat yee » signifiant « une vie, un amour ». La magie du chiffre qui rejoint celle de l’éternité rêvée, inscrite en toute promesse d’amour. Et 11-11-11 était encore plus riche puisqu’on pouvait l’entendre comme un « mariage pour l’éternité ».

Les marchands sont venus à la soupe, notamment sur le Disneyland local contre lequel pestent les maîtres feng shui qui abhorrent cet outil débilitant, faisant oublier les croyances millénaires. Parce que chaque jour est porteur de son énergie dans le calendrier chinois. Le 12 décembre était, selon Raymond Lo qui l’affirmait au Figaro, un jour de mauvais augure pour une union et « lourd de dangers ».

La sainte Lucie en Suède

A l’autre extrémité de l’Eurasie, le 13 décembre, tous les Suédois fredonnent une chanson qu’ils ont appris par cœur enfants et qu’ils transmettent avec attention :

La nuit pesante rôde
autour de nos maisons.
Sur la terre que le soleil fuit,
planent les ombres.
Alors dans notre noir logis
paraît, couronnée de lumière,
Sainte Lucie, Sainte Lucie.

Le chiffre 13 y est moins interprété comme un signe que comme la mémoire d’une martyre sicilienne (morte en 304) ayant donné naissance à des êtres invisibles vivant sous terre. D’où sont nom renvoyant tant à la lumière (lux) qu’au diable (Lucifer). Le premier calendrier chrétien fêtait cette date comme la nuit la plus longue de l’année (on n’est pas loin du solstice) au cours de laquelle des êtres surnaturels étaient à l’oeuvre. Les greniers pleins attiraient les jeunes déguisés en « garçons de Lucie » (de lumière) quêtant nourriture et eau-de-vie. La première Lucie couronnée date de 1764 et c’est elle qui sert le café et les petits pains traditionnels. Dans toute la Scandinavie et en Estonie, la fête devient, par la magie commerciale, une vaste parade d’enfants et de jeunes qui plongent les villes dans des « scintillements anti-nuit« .

Privés d’un treizième mois en 2013 qui aurait pu donner 13-13-13 tombant un vendredi, la Scandinavie tente de ne pas se ridiculiser par des fêtes qui ne soient que commerciales. Mais la magie du 13 est bien là pour les enfants. Patientons jusqu’au 14 (février) et ses Valentin. Ainsi, va le monde.

 

 

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