Jose Mujica, le président le plus pauvre du monde


Jose Mujica est président de l’Uruguay depuis novembre 2009. Il s’est fait remarquer en refusant clairement le train de vie présidentiel et en restant dans sa modeste fermette des environs de Montevideo. Il reverse la plupart de son salaire à des œuvres charitables, de sorte qu’il ne lui reste par mois qu’environ 775$, c’est à dire le salaire moyen en Uruguay. C’est ce qui lui a valu depuis le sobriquet de « président le plus pauvre du monde ».

Si l’on fait un petit tour des plus hauts salaires de nos leaders, on trouve tout en haut le premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, qui gagne chaque année… US$ 2 856 930, soit environ 238 000 dollars par mois, c’est à dire plus de 300 fois le revenu de Mujica… On trouve ensuite la plupart des dirigeants des pays riches, dont la France en cinquième position, avec un président qui gagnait, avant la réforme du président Hollande, 240 000 € par an; mais aussi la Chine, le Kenya, l’Indonésie et l’Afrique du sud, ce qui peut sembler plus surprenant. Les pays riches paient bien leurs dirigeants, mais on ne trouve ni l’Autriche, ni aucun pays scandinave. Différents modèles éthiques et politiques sont en concurrence au niveau mondial, avec une nette préférence pour les hauts salaires et les « intéressements » divers liés à la charge.

José Mujica chez lui, dans les faubourgs de Montevideo

On peut attribuer le comportement de Jose Mujica, dirigeant de la gauche uruguayenne et ancien guérillero, à une certaine forme de démagogie, voire de populisme. Mais à 77 ans, cet homme n’a plus grand chose à prouver et lorsqu’on l’interroge pour savoir pourquoi il a pris cette décision, il répond très simplement qu’il a toujours vécu ainsi et qu’il n’avait pas l’intention de quitter une maison où il a avait passé la plupart de sa vie. Rien que de très simple en somme…

Mais ce choix, d’abord accueilli favorablement par les Uruguayens, pose la question du lien entre le rôle de dirigeant et le salaire lié. Et bien entendu, le contraste éclate entre ce président au revenu plus que modeste, et ses homologues étrangers qui empochent des sommes très considérables pendant leur mandat. Il faut reconnaître que la tendance actuelle, mondiale, est à l’enrichissement subit des dirigeants de haut niveau, pour peu qu’ils parviennent à se hisser aux derniers échelons du pouvoir. Le président Lula en est un exemple, de même que ses proches. Et nous avons d’autres exemples beaucoup plus près de nous !

En d’autres temps, on aurait parlé de prévarication des élites, mot compliqué pour décrire une forme de trahison. Dans le sens où des élites qui devaient travailler au service de la population se transforment en prédateurs. Mais en même temps, notre époque est si marquée par la recherche obsessionnelle du profit que cet enrichissement suspect des dirigeants constitue un modèle pour beaucoup.

A ce titre, Jose Mujica dénonce l’obsession de ces mêmes dirigeants pour la croissance et la consommation à outrance alors que cela ne constitue en aucun cas un « modèle » de développement viable à long terme.

Voilà donc un président qui agace, parce que son mode de vie remet profondément en cause celui de la plupart des autres dirigeants mondiaux. Et si l’on rétorque que le statut de dirigeant doit correspondre à un certain train de vie, on peut aussi considérer que prêcher par son propre exemple en ces temps de surendettement et débauche financière renvoie aussi à une certaine forme de dignité.

On ne peut s’empêcher de penser à Cincinnatus, ce Romain simple paysan qui fut appelé aux affaires publiques à Rome et qui, le devoir accompli, retrouva sa charrue et reprit le même mode de vie. Est-ce vraiment d’un autre âge ? On peut au moins poser la question.

Pour en savoir plus, un autre article sur ce président original


5 réponses à “Jose Mujica, le président le plus pauvre du monde”

  1. Merci ! je ne connaissais pas cet homme; normal, je pense qu’on évite d’en parler, c’est gênant…Quant au populisme présumé, ça arrange de dire qu’il fait du populisme, on ne sait pas expliquer l’honnêteté intellectuelle, elle aussi est devenue gênante.
    En tous cas, contente d’avoir lu ça…mis un lien sur mon blog vers cet article

  2. Impressionnant ! Et exemplaire . Voici ce que on peut nommer au sens premier et au sens noble : Un grand Homme . Admirable homme d’état que le peuple Uruguayen à eut le bon sens d’élire. Il faudra quelques siècles peut etre pour que les occidentaux enfin élisent des hommes faisant passer les sentiments et l’humanité avant l’argent et le consumérisme.

    Un grand homme dans la lignée de Quinctius Cincinnatus

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