Le pseudo-scandale autour de la présence de viande chevaline dans des produits qui ne seraient pas censés en contenir révèle bien des travers de l’agro-industrie européenne.
Comme le rappelle le blog SOS conso, ‘En février, la Food Standards Agency – autorité de contrôle des produits alimentaires du Royaume-Uni – a découvert que les lasagnes au boeuf de la marque Findus contenaient parfois 100 % de viande de cheval.
Elles étaient fabriquées par une société de l’Est de la France, Comigel, qui elle-même achetait sa viande à la société Spanghero, située dans l’Aude, qui elle-même se fournissait chez un producteur roumain, via un trader chypriote ayant sous-traité la commande à un trader néerlandais. »
Nous trouvons donc , en remontant la chaîne, la Grande-Bretagne, la France, Chypre, les Pays-Bas et finalement, la Roumanie. Cinq pays pour produire de simples lasagnes « bolognaises », dérisoire rappel de l’Italie, puisque le pays n’est absolument pas concerné par ce « scandale ». C’est à la fois peu et beaucoup car la plupart des denrées passent par de nombreux intermédiaires avant de nous parvenir. Mais il semblerait que cette viande provienne d’un trafic ourdi par une mafia roumaine capable de vendre des carcasses de chevaux malades. Les médicaments contenus dans la chair des animaux pourraient alors avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Certains sont vraiment prêts à tout pour faire sonner le tiroir-caisse…
On comprend bien, dès lors, la difficulté, sinon l’impossibilité de connaître la provenance de produits alimentaires de consommation courante. Bien entendu, les Anglais se rappellent les précédents scandales alimentaires: vache folle, mouton malade… Cela prouve que rien n’a vraiment changé dans la production d’aliments: L’industrie mène la danse et le consommateur n’a rien à dire, juste manger sans trop (se) poser de questions. Le documentaire de Nikolaus Geyrhalter, Notre pain quotidien, illustrait très bien l’irrespect aggravé envers les espèces animales élevées et « conditionnées » à la vente.On considère les animaux comme de la nourriture sur pattes, mais pas comme des êtres vivants.
La géographie très financière de ces lasagnes montre clairement que la qualité de la nourriture produite n’est pas du tout le souci premier. Simplement des considérations de coût et de marge commerciale.
L’ampleur du scandale outre-Manche révèle aussi le tabou alimentaire du cheval dans une société qui lui doit beaucoup, comme le rappelle Alban Gautier dans le Monde. Le cheval est plus proche de l’animal domestique, de compagnie, que de la simple bête d’élevage. En manger relève de la barbarie pure et simple. Ce n’est pas exactement le cas en France.
Ce scandale nous apprend donc beaucoup sur nos pratiques alimentaires et sur les incertitudes qui leur sont liées.