Si vous pensiez être sorti de l’ère atomique, le site Nuclearsecracy.com vous rappelle au réel de manière… éclatante: ce site bien documenté vous permet en effet de simuler l’impact engendré par n’importe quel type de bombe atomique sur n’importe quel endroit sur terre. Le programme vous laisse donc entière liberté de visualiser les effets, calculés au plus juste, de tous les engins de mort imaginés par l’Homme depuis la découverte de l’énergie nucléaire, et même de ceux qui pourraient exister.
Cela fait froid dans le dos. Mais il paraît que c’est ce que l’on appelle la réalité: et c’est bien connu, celle des militaires l’emporte sur toutes les autres, car elle vous tue pour de bon.
Mais ce n’est pas tout: depuis l’année 1945, l’arsenal de destruction s’est considérablement étoffé, et on peut compter sur l’armée américaine pour découvrir de nouvelles manières de tuer. Le fameux appareil « militaro-industriel » ne concerne pas que les USA: une bonne partie de la richesse nationale française provient, directement ou non, de la « défense », euphémisme qui permet de faire passer pour simple produit de consommation guerrière courante les mines anti-personnelles et autres joyeusetés de nos marchands de canon, très discrets mais très actifs au salon du Bourget par exemple.
La Valse des Bombes atomiques de Boris Vian nous rappelait déjà les mauvais côtés de notre civilisation technicienne: d’une certaine manière, les savants nazis ont gagné la guerre. Le moteur à réaction, la cybernétique et l’informatique sont liés aux recherches de la science nazie adroitement récupérée par les pays vainqueurs, USA et URSS en tête. Et depuis lors, tout le monde trouve naturel que ce soit les technologies militaires qui mènent la danse du progrès industriel en général, du stylo à bille au GPS.
Mais la mort à distance s’installe elle aussi dans la banalité: on répète à l’envi que le président Obama a utilisé comme personne avant lui les drones, le nec plus ultra de la guerre moderne. On peut tuer à l’aise et sans remords particulier, les cibles étant si loin… C’est un changement radical de la manière de faire la guerre.
Le temps est loin où l’Église tentait d’interdire les armes à feu pour éviter des affrontements déloyaux. Mais justement, tout ceci se passe loin de nous. Les bombes au phosphore, à fragmentation, à uranium appauvri, à neutrons… ne nous concernent pas directement.
En revanche, le nucléaire est toujours là, et son avatar civil ne vaut guère mieux. Richesse bien mal acquise ne profite jamais dit-on, pourtant les pays « riches » profitent sans vergogne et avec un beau cynisme de cette manne guerrière. Nous sommes pris en otage par une certaine forme de « réalisme » qui correspond en fait à un manque total de conscience morale alliée à un appât du gain jamais démenti.
Mais s’ils veulent des canons…