La bonne tenue du cours de bourse de Facebook a alerté (1) le chercheur Christophe Assens en rébellion contre l’idée que la star du Web 2.0, Facebook, serait un réseau social. Bigre !
Pour lui, un réseau implique une cooptation et des obligations entre les membres : don-contre don, pour citer Marcel Mauss. Ici, pas de cooptation, juste une extension de carnet d’adresse, « sans proximité cognitive ou affective ». Une proximité pourtant nécessaire, selon Assens, pour créer de nouvelles richesses par l’entraide, partager les ressources, mutualiser les connaissances.
Facebook serait plutôt un excellent système de communication à distance sans que les membres aient un quelconque privilège relationnel. Assens voit Facebook comme une « plate-forme communautaire », opportunité pour des annonceurs qui ont segmenté des marchés par les moteurs de recherche, sans soucis de proximité sociale. Notre collègue explique que le cours de bourse anticipe des performances publicitaires en relation avec les visites, notamment sur les smartphones.
Mais on ne sera pas forcément d’accord avec lui sur l’absence de valeur à partir de ce semblant de lien social entre les membres. Car Assens n’a pas fait d’étude qualitative, il ne démontre pas ce qu’il avance. En parlant d’informations sur la « vie privée » des utilisateurs, il admet implicitement qu’il y a des échanges à ce niveau-là. Les chercheurs en sciences humaines doutent que leurs collègues de gestion soient les mieux armés pour ces études qualitatives qu’on pourra mener.
En attendant, chers Facebookers, échangez vos trombines, donnez-vous des rendez-vous professionnels ou coquins, tracez dans vos espaces géographiques de quoi cartographier ce fichu réseau d’un genre nouveau.
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(1) Les Echos, 14 août 2013
Pour en savoir plus sur Facebook : cet article de Geographica