Ci-dessus: Le Carnaval : pour souder la nation brésilienne ?
Chacun ses fêtes ! Le Brésil est dans notre coeur parce qu’il aime le foot, le Carnaval. Ou, diraient les mauvaises langues géographes, parce qu’il est loin de l’Europe ? Non bien sûr. Des nouvelles du Brésil, nous avons toute la criminologie habituelle, l’agriculture qui produit des poulets congelés pour l’Asie et du boeuf élevé en Amazonie pour entretenir l’obésité des Américains, nous avons la pauvreté de masse. Mais aussi ce goût démesuré pour la fête qui a repris début mars avec le Carnaval de Rio et qui annonce le Mondial dans une centaine de jours.
L’été austral écrase les foules de son soleil brûlant et les parades ne sont jamais aussi flamboyantes. Les stars montent sur les chars, Ronaldo en tête à Sao Paulo, Zico dans le sambodrome carioca qui rappelle les liens entre foot et fête. Mais attention, les Brésiliens d’aujourd’hui ne sont pas les Romains qui allaient au Colisée assister au massacre de la grande faune. Aujourd’hui, on lit d’ici des pancartes « Oui, au carnaval, non au Mondial« ….
Lors du show de Preta Gil, la fille du célèbre Gilberto Gil, la chanteuse se plaint des bagarres qui font dégénérer les fêtes qui finissent souvent par des morts, comme ce fut le cas le 6 février. Les manifestations contre la vie chère, la corruption, la pauvreté des services publics, les dépenses colossales pour le Mundial, tout cela donne un pays sur les nerfs qui a bien le besoin d’oublier ses malheurs. L’armée descend souvent dans les rues et sera présente lors des compétitions de football. Une occasion qui avait été vue pour étaler au grand jour un certain nombre de problèmes.
Une réponse à “Le Brésil a la fièvre (du Carnaval)”
Le Carnaval perçu comme un inocent exutoire : c’est, entre autre, une des fictions qui font de la société brésilienne un monde de résignation. Si l’extravagance des abus de la FIFA a permis un sursaut citoyen, la réalité sociale brésilienne a un potentiel gigantesque de mécontentement. Il est vraisemblable d’écrire qu’un jour même le Carnaval ne pourra en empêcher l’entière expression.