Les municipales viennent de passer, les européennes arrivent. On commente abondamment les changements, bouleversements et autres coups de théâtre comme les continuités. La géographie a-t-elle aussi son mot à dire? Depuis André Siegfried et son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, on s’échine à étudier les continuités comme les ruptures spatiales et politiques entre territoires en France. L’ouvrage d’Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, le Mystère français, décortique avec brio les corrélations entre vote et territoire, mais pas seulement. Un article de Slate de Jean-Laurent Cassely de 2013 passe en revue les possibilités offertes par cette approche.
Une carte circule sur le web, que l’on peut trouver en différents endroits, comme sur le site du journal Sud-Ouest, qui montre le résultats avec un code de couleurs relatif au parti politique. Mais c’est le gris qui l’emporte, car beaucoup de scrutins n’entrent ps dans ce classement. On voit tout de même poindre aussi des taches bleues, roses ou brunes ici ou là. Le problème, c’est que le ministère de l’Intérieur a classé les listes qui n’avaient pas nécessairement d’étiquette… Les couleurs ne sont donc pas toujours représentatives.
On peut aussi se demander à quel point ces cartes sont lisibles directement: car à quelles logiques renvoient-elles ? Les continuités spatiales que l’on pourrait déceler renvoient tout de même à une discontinuité spatiale fondamentale qui est la limite communale. Au-delà de cette limite, on entrerait dans une logique de bloc, ou de territoire, qui engendrerait un vote homogène ou non.
L’échelle de lecture de ces cartes compte donc beaucoup. Et en fin de compte, la France électorale change, mais avec des logiques très entremêlées. Il reste donc bien du travail pour les géographes intéressés par les élections…