(ci-dessus : German military cemetery, Latvia, Saldus. Ci contre, Chemin des dames, France)
Le 8 mai 1945, la guerre prend fin en Europe. Après les découvertes des camps, les règlements de compte, la reconstruction des appareils étatiques, on se remit au devoir de mémoire qui fut celui de 1914-1918 quelques années auparavant : des plaques de marbre alignant les noms des victimes dans les villes et les villages, dans les églises, des monuments (en moins grand nombre que dans les années 1920) et, surtout, des cimetières militaires. Des milliers d’hectares furent dégagés ici ou là, sur les champs de bataille, pour faire mémoire de ces massacres.
Il me revient le mot de cet enfant aux bras de sa mère, poussant l’admiration que lui inspiraient les croix. « Dis Maman, c’est beau, un cimetière militaire » s’étonne l’enfant devant les croix soigneusement alignées. Sans doute pour donner un sentiment d’infini, d’infinie tristesse devant ce bilan tragique de générations entières décimées.
A quelques jours du vote européen où les sentiments blasés, les mesquineries et des chicaneries des politiques troubleront les enjeux électoraux, il est sain de faire un détour par les nécropoles. Sans forcément rester au niveau esthétique de l’enfant qui pressent le tragique dans le beau. Mais pour rappeler quel miracle s’est produit avec l’Union politique, pour que nous puissions aller en Allemagne comme les Allemands viennent chez nous. Non pour se battre mais pour apprendre. Non pour se tuer mais pour vivre dans cette liberté retrouvée l’une des plus belles aventures politiques de l’histoire de l’humanité.
(ci-dessous : cimetière américain, Italie)