Ebola: ces trois syllabes font peur, car elles évoquent une maladie virale impitoyable et souvent mortelle. Mais qu’est-ce que ce virus? Il prend son nom d’une rivière de République Démocratique du Congo, près de laquelle les premiers cas ont été détectés. C’était en 1976. Depuis le virus s’est répandu, avec des cycles d’épidémies plus ou moins longs et importants. Aujourd’hui, ce virus représente un réel danger pour les populations d’Afrique de l’ouest, et pas seulement.
Comme nos sociétés aiment à avoir peur, car tout ce qui rappelle une mort rapide effraie, on insiste à l’envi sur le danger de ce virus. Mais pour comparer ce qui est comparable, gardons à l’esprit que la mortalité totale en France chaque année est d’environ 550000 personnes, tandis que le virus Ebola concerne plusieurs centaines de personnes. Un article du Monde représente graphiquement les cas recensés depuis 1976. On est donc loin d’une pandémie. Cependant, comme dans le cas du SRAS ou de la grippe H1N1, on craint des virus ultra… virulents, capables de se répandre avec une extrême rapidité et une extrême force. Peut être le spectre de la peste hante-t-il encore les esprits malgré les progrès spectaculaires de la médecine? Car notre société engendre de nouvelles pathologies au fur et à mesure qu’elle en éradique d’autres…
Toujours est-il que le virus se répand, en raison, notamment, des mouvements humains autour des frontières de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia, trois pays instables et aux frontières plus que poreuses. Mais comment se transmet ce virus? Comme les hantavirus, le virus Ebola passe de l’animal à l’humain sans solution de continuité, tout comme la grippe aviaire dans un autre ordre. Cela donne des virus très imprévisibles, car susceptibles de muter pour changer d’hôte avec une rapidité importante parfois. Le franchissement de la barrière inter-espèce peut avoir des effets non négligeables sur le péril représenté par ces virus.
Dans le cas du virus Ebola, le cycle passe par la chauve-souris puis les primates ou les antilopes. Comme le montre le graphique ci-contre, l’homme intervient en fin de cycle par des mécanismes mal élucidés. C’est cette incertitude qui sème la panique parmi les autorités sanitaires. La question est de savoir si l’épidémie peut se propager ou non hors d’Afrique. L’OMS propose plusieurs cartes pour représenter la diffusion de l’épidémie.
Sur la première (ci-contre), on voit bien la localisation des foyers, et la présence aussi des laboratoires capables de suivre le phénomène. Quant au comportement du virus à l’échelle mondiale, les experts laissent clairement entrevoir la possibilité pour le virus d’atteindre l’Europe par la France et Paris en particulier, en raison, tout simplement, des flux migratoires encre l’Afrique et la France. Mais étant donné les caractéristiques de cette maladie qui se traduit par une violente fièvre hémorragique, le risque de contamination est très faible.
Dès lors, on comprend bien que la géographie du virus suit de très près celle des migrations nationales et internationales. Le SIDA a suivi la même logique.
Une autre carte de l’OMS montre les cas répertoriés à l’échelle globale. On y voit les pays actuellement impliqués, mais aussi le Soudan, la Côte d’Ivoire ou l’Afrique du sud. Autrement dit, le virus se mondialise, mais en respectant aussi les aires de répartition de la chauve souris responsable de la diffusion du virus.
L’inconnu réside dans le mode de transmission animal-homme. Le contact suffit. Mais la géographie de la santé, elle, s’attache aux modalités de diffusion des maladies tout comme aux comportements des populations face à elles. Elle a une dimension anthropologique. Elle aura donc encore beaucoup de choses à nous apprendre à ce propos. Mais nous sommes encore loin de la situation de l’Armée des Douze Singes, heureusement!