Des féministes rebaptisent les rues des villes de France


Rue LamartineUne vieille dame m’agrippe un jour de marché dans une petite ville de Provence : « Monsieur, vous qui êtes géographe, vous allez me dire pourquoi on a changé le nom de ma rue que j’aimais bien. Qu’est-ce qu’elle embêtait la mairie, ma « Rue du Pré » ? On lui a donné un nom de femme, vous pensez ! Un nom de femme, un nom tout simple. Y avait pas besoin d’en faire un tel boucan. – Pourquoi, elle s’appelle comment maintenant, votre rue ? – Rue Lamartine. »

Hormis l’anecdote, la toponymie mérite attention ! Et le combat est long et de tous les instants pour les féministes. Seuls 2,6% des rues de Paris et une seule station de métro – Louise-Michel sur la ligne 3 – porte le nom d’une femme illustre qui n’est pas associée à celle de son mari (photo ci-dessus) ou d’une congrégation religieuse comme… les Filles du Calvaire.

Osez le féminisme, l’association qui milite pour les droits des femmes, a rebaptisé plusieurs artères de Paris. Elle interpelle la Maire de Paris, Anne Hidalgo, sur la nécessité de valoriser dans l’espace public des femmes exceptionnelles et trop souvent méconnues.

« Les noms de rues attestent de notre histoire : ils relèvent d’un choix politique, révélateur des valeurs que la ville souhaite incarner. Tandis que les hommes honorés sur des plaques de rue sont légion, seules quelques 160 femmes, pour la plupart épouses ou filles d’hommes célèbres, sont ainsi valorisées à Paris. Notre histoire regorge pourtant de scientifiques, d’écrivaines, de militantes, de femmes politiques, d’artistes, de résistantes, qui méritent la reconnaissance du pays.

Osez le Féminisme ! rend aujourd’hui hommage à ces femmes invisibilisées, dans le quartier de l’Ile de la Cité : toutes les rues du quartier ont été rebaptisées des noms de femmes illustres telles que la navigatrice Florence Arthaud, la physicienne Lise Meitner ou encore l’écrivaine Assia Djebar.
Des œuvres réalisées en partenariat avec la street artiste BauBô sont exposées dans les rues. Il s’agit d’un assemblage de carrés de crochet, représentant les noms des femmes oubliées de l’histoire.

Rue Wirginia Woolf, à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse
Rue Wirginia Woolf, à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse

Au même titre que l’entrée de femmes au Panthéon ou que l’organisation de Journées du Matrimoine, l’attribution de noms de rues à des femmes a pour but de faire sortir de l’ombre ces personnalités injustement ignorées de notre histoire collective.

«L’attribution d’un nom à un espace public ne doit être ni de nature à provoquer des troubles à l’ordre public, ni à heurter la sensibilité des personnes, ni à porter atteinte à l’image de la ville ou du quartier concerné », indique le Ministère des Collectivités territoriales en 2011.
Avec seulement 2% des rues françaises qui portent des noms de femmes actuellement, on peut se demander dans laquelle de ces catégories les femmes tombent, pour être si peu visibles dans nos villes. »

http://www.konbini.com/wp-content/blogs.dir/3/files/2014/03/Carte-femmes.jpg
Pour lire la carte : http://www.konbini.com/wp-content/blogs.dir/3/files/2014/03/Carte-femmes.jpg

Les autres villes féminisées, à ce jour, sont Alençon, Douarnenez, Montpellier, Nice, Rennes, Toulouse.

À l’occasion d’une exposition Metrofeminin de l’artiste à Paris au premier trimestre 2014, Silvia Radelli a proposé de renommer le plan de métro parisien avec plus de 100 noms de femmes. Virginia Woolf, Elsa Triolet, Mercedes Sosa, Pina Bausch… elles ont enfin (l’espace d’une carte) leur place dans le métro. Fini les illustres inconnus qui avaient payé pour être immortalisés ou dont les qualités ont été surévaluées à leur époque (comme l’illustre premier prix Nobel de littérature, un Français nommé… Sully Prudhomme).

 

 

 

 


4 réponses à “Des féministes rebaptisent les rues des villes de France”

  1. Initiative assez ridicule mais dans l’air du temps : En place de chercher à caser des [ravissantes ?] idiotes (au sens littéral), ne serait-il plus utile d’arriver à neutraliser les noms de rue en leur resttuant leur ancien cachet ? Je préfère la rue du Parc Monceau à celle qui en occupe aujourd’hui le nom et bien d’autres cas masculins se présentent !

  2. Baptiser, débaptiser, rebaptiser, s’agirait-il d’un baptême de l’air au vu du coup de vent proposé ?
    Du genre masculin, LE nom l’emportant par définition sur LA dénomination, il faudrait bien qu’UN géographe expert en LA géographie, nous expliquât l’origine de cette distinction sexiste. En attendant je suggèrerais qu’UN référendum soit organisé portant sur les préférences françaises en matière de célébrités, ou plutôt qu’UNE enquête d’opinion puisse nous révéler le bien fondé des revendications féministes de nom de rue. LA rue étant LA désignation d’UN passage urbain, très souvent animé par LA ruée, son nom ne me semble pas être la raison avérée de son agitation. Dire NON aux NOMS masculins d’UNE rue implique que ce changement pour être complet porte également sur le choix du genre des désignations, ainsi pourrions, après avoir renommé LE terminal ferroviaire par LA gare, ou LE collège de Robert Sorbon par LA Sorbonne, opérer par exemple à celui du « Passage du Havre », par L’allée de LA sérénité. Il est vrai que LA rue Pierre-Curie a déjà été renommée rue Pierre-et-Marie-Curie, encore un petit effort et la rue Marie-Curie-prix-Nobel de chimie verra le jour.
    LA guerre sexiste du nom étant engagée, il ne m’étonnerait pas que LE conflit finisse par se propager dans LA rue afin de définitivement éradiquer LE mâle.

    • Je ne sais pas si les linguistes et grammairiens partagent votre idée que LE nom est seulement du genre masculin. Vous lisez les textes de manière un peu trop radicale. Il ne s’agit pas de dire NON au toponymes masculins mais de voir apparaître PLUS de toponymes féminins. Qui peut s’offusquer contre cela ?

  3. Point de lecture radicale. J’avais compris le propos à sa juste valeur. Désolé d’avoir effectivement « élargi l’espace » de manière ironique et visiblement malvenue, le sujet me semblant suffisamment léger pour supporter un peu de fantaisie. On ne peut vraiment pas vous reprocher d’être sérieux, mais pouvons de temps à autre regretter que vous le soyez un peu trop. C’est cela qui pour ma part revêt de temps à autres un caractère assez vexatoire.

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