Le poste frontalier avec sa barrière et ses agents, qui ont repris du service entre l’Allemagne et l’Autriche ce week-end, sont l’héritage d’une conception bien française, selon le géographe Michel Foucher. «De fait, c’est à partir de la France que s’est diffusée l’idée jacobine selon laquelle les frontières d’un État devaient correspondre à celles d’une Nation, d’une langue et d’une culture», écrit-il dans Fronts et frontières. Si l’Antiquité connaissait la notion de limite de territoire, comme en témoigne le limes romain, c’est bien plus tard que le terme « frontière » fait son apparition.
Le mot dérive du substantif « front ». « Le front d’une troupe qui se met en bataille pour combattre fait frontière », explique Michel Foucher. La « frontière » apparaîtrait pour la première fois dans un acte de Louis X daté du 3 novembre 1315, qui concernait l’établissement de garnisons pour défendre la France du côté de la Flandre, précise le géographe et historien Roger Dion dans Les Frontières de la France.
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la frontière ne désigne d’ailleurs pas toutes les limites du territoire. Elle ne s’applique qu’à la plus menacée d’entre elles. L’acception française, puis européenne, de la frontière naît avec l’Etat-nation et s’impose progressivement au reste du monde. L’Hexagone gardera une forte influence dans ce domaine, puisque, selon Foucher, le pays a, avec la Grande-Bretagne, dessiné 40% des frontières dans le tiers-monde.
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Photo en haut :
« Traverser » la frontière en voiture à Yuma…
Source : US Border Patrol, 2012.
2 réponses à “Les Français ont inventé les frontières en 1315”
Si du coté de la Flandre naissait du Front la frontière, c’est que ce front là fut plutôt plat comme l’aspect du pays l’inspirait. Ce qui ne manque pas de nous rendre perplexe sur l’ouverture d’esprit dont l’homme de France à fait historiquement preuve en inventant la limite sans limite, à l’instar du fleuve qui ne s’arrête jamais de couler. En traversant le Rhin on à tôt fait de réaliser, que la langue que nous nous somme mainte fois tirée, était vraiment différente au point de décréter « l’infranchissabilité » du fleuve et nommer, par pure courtoisie, l’endroit frontière naturelle. Pour la Loire, l’importation plus récente de cette distinction rhénane n’eut pas la même origine linguiste mais reposait cependant sur une grande et noble distinction que la codification « ZO », « ZL », si poétique, ne manquait pas de nous rappeler encore une fois qu’elle relevait d’une invention de l’homme de France. On voit bien que les six côtés de l’Hexagone, « endigage » de l’océan compris, ne suffisent pas à sevrer cette appétit insatiable de « frontiérisation », bien complétée il est vrai par l’addition de quelques distinctions originales, cantonales, départementales ou régionales, certes très géographiques somme toute, et tout à fait indispensable à l’unité du pays de l’homme de France. Ce qui pourrait surprendre et étonner est l’apparente limite de cet esprit inventif qui semble en panne de création d’un maillon probablement manquant à toutes ces frontières. Il nous faudrait bien cependant rapidement un sursaut d’imagination pour combler cet case restée vide, donc illimitée, car il semblerait qu’il y ait un accroissement mondial de rivalité à nous imiter.
Il est vrai que la frontière entre Flandre et France est consécutive aux défaites françaises face aux revendicatifs flamands, de Courtrai (1302) à Malplaquet (1709), les batailles victorieuses de Bouvines [1214] à Denain [1712] n’ayant suffi à rétablr l’équilibre .
Il chaut de dire aussi que ce processus psychologique tient aussi de l’affirmation de l’identité capétienne, depuis le rapt du trône de France à celui de Bourgogne puis de Guyenne et qui sera reprise après 1788 par l’avènement du national-socialisme français .