Dans le Libournais d’une beauté à couper le souffle, les routes ont été tracées par les anciens parcellaires agricoles et les rivières à franchir. Entre Puissegain et Saint-Genès-de-Castillon (Gironde), masquée par un petit bois, sur la départementale 17, il faut parfois négocier des virages un peu secs. Mais à 7h30 du matin, dans cette contrée somnolente où devaient converger vers Libourne et Bordeaux les salariés prenant leur travail, c’est le calme, le silence, une forme de torpeur tant appréciée des citadins devant le chevreuil qui bondit sur la route. La torpeur. Puis, soudain l’horreur. Un car, un camion, un virage. Tout se noue dans cet espace-temps qui sort brutalement de la banalité. Puissegain entre dans l’actualité.
Les départementales ont été créées en décembre 1813, alors que l’Empire napoléonien vit ses derniers mois. Nées d’un classement hiérarchique qui vise à optimiser leur entretien, elles avaient obtenu en janvier 1813 un numéro qui les installe alors dans la nomenclature des territoires. Leur fonction ? Relier des bourgs et des villages. Elles ont parfois été redressées comme on le voit sur certaines cartes de Cassini par les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées dont l’école a été créée sous Louis XV.
Ce réseau viaire a connu des phases d’extension en 1938 et, puis en 1972, avec 53 000 kilomètres de routes nationales qui sont alors déclassées en départementales. Nombreuses sont les routes tracées entre des propriétés communales ou privées. Des départements comme la Gironde ou la Manche battent des records de longueur (plus 20% par rapport à la moyenne française) du fait des fortes densités rurales, mais aussi des formes de dispersion de l’habitat dans le bocage et les vignobles.
Adapté à des circulations relativement lentes, ce réseau n ‘est pas toujours mis au gabarit de voies permettant le croisement sans ralentissement d’automobiles et surtout de véhicules utilitaires. Combien de routes sont restées à ce gabarit étroit, dont la dangerosité est augmentée lors des saisons humides et leurs brouillards, feuilles sur la chaussée, verglas ?
Ce matin du 23 octobre 2015, ce n’était ni le froid, ni le brouillard, ni vraiment la pénombre. Ce fut le feu. Avec un enchaînement diabolique des faits hérités d’une conduite peut-être fautive et de ce piège que fut le car pris dans des flammes imprévisibles.
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Sur le blog racontant le voyage dans la vallée de l’Orbiel (photo ci-dessus), la légende dit ceci : « Les gorges de l’Orbiel. Très franchement, je ne m’attendais pas à ça. Très étroite, difficile, très encaissée, sauvage, cette route est une merveille complètement oubliée, menant vers des villages semblant complètement perdus. »
Un autre versant des routes jugées les plus dangereuses du monde : un curieux Top 10
5 réponses à “Un car, un camion dans un virage du Libournais”
Une fois de plus, l’accident ne peut surprendre que les sots :
Les routes départementales ont été développées par l’Adolphe Français, opposant notoire au chemin de fer puisqu’il fera retarder la loi de 1839 à 1842 permettant ainsi de dilapider un peu plus d’argent dans des infrastructures à vocation hippomobile !
Ici l’on voit encor une fois de façon claire la conséquence du subventionnement direct des chaussées pour véhicules automobiles usant de pneumatiques au détriment des voies ferrées …
NB : Quel intérêt d’user de la carte Cassini si les localités concernées n’y apparaissent . ?
La carte de Cassini est celle de la région, je n’ai pas pu trouver plus près mais sur ma Cassini à moi, le réseau viaire est bien le même que sur l’échantillon affiché.
Bien sûr que la portion présentée de la Carte de Cassini correspond à celle de la région, ce n’était point ce qui pouvait causer souci !
Je crois que vous avez du mésinterpréter ma remarque, sans doute du fait de son laconisme ; Je souhaitai attirer votre attention sur le fait que l’usage du plan 18°siècle n’apportait rien si le lien avec l’accident par sa localisation n’était fourni : Un fond de carte d’état-major (~1915) aurait sans aucun doute illustré de meilleure manière la problématique de mon intervention car outre les routes, il eût présenté aussi les voies ferrées ! En effet, si certaines furent supprimées, d’autres ne furent construites du fait du militarisme franco-français, les gouvernements du Septennat {~1875-2000} ayant généralement préféré au beurre, les canons …
Ainsi Pierre et Alais sont une même et unique personne, qu’est-ce qu’on s’amuse sur ce blog! Je me disais tiens, un 3ème contributeur, et bien non, nous ne sommes que 2 à poster sur ce lien, maigre satisfaction.
Je ne m’explique pas ce silence des géographes ou qui se considèrent comme tels, amateurs éclairés. Tout le monde ne peut pas être chercheur, il faut élargir le lectorat! Et puis il y a déjà des colloques et rencontres.
NON, c tout simple, tout comme 1 Mont puit être { éteint ?} volcan, il se trouve que l’adresse mêl est partagée, ce qui je le concède est peu fréquent, le plus impatient des deux ayant répondu avec son état-civil d’où l’impression ennuyante de double identité ! Autrement, êtes-vous inspiré par le fond de mon penser ?