Internet, sale pollueur


Ville de Hamina, Finlande. Ce sont les réserves d’eau de la mer Baltique ainsi que le froid glaciale finlandais qui ont attiré Google. Les serveurs sont plus facilement refroidis, ça consomme moins d’énergie, c’est plus écologique.
Ville de Hamina, Finlande. Ce sont les réserves d’eau de la mer Baltique ainsi que le froid glaciale finlandais qui ont attiré Google. Les serveurs sont plus facilement refroidis, ça consomme moins d’énergie, c’est plus écologique.

Voici un calcul édifiant (1). Pour faire fonctionner les TIC (technologies de l’information et de la communication) tous confondus, il faut leur consacrer 10% de l’électricité mondiale. Et si on ajoute que 40% des humains n’ont pas accès à ces technologies avec la même intensité que nous, cela donne une idée de l’énergie à prévoir dans les prochaines décennies. Cette électricité pour les TIC est consacrée pour moitié aux terminaux que sont les smartphones, ordinateurs et tablettes, pour un quart par les réseaux et l’autre quart par les serveurs et infrastructures.

On ne doit intégrer aussi toute l’énergie qu’il a fallu pour concevoir ces outils, les adapter à des réseaux ad hoc et, enfin, compter sur le recyclage. L’étape de production est extrêmement polluante, puisqu’on a compté que la fabrication d’un smartphone est plus émettrice de gaz à effet de serre que son usage (sur cinq ans). Quant à la pollution restante, elle  dépend des usages.

Les métaux rares nécessaires pour les smartphones et autres outils sont de plus en plus… rares. On prévoit un pic d’extraction du cuivre dans… vingt ans. Et pour l’indium, utilisé pour les écrans, guère plus de dix ans. Allons encore plus en amont : l’extraction de ces métaux non renouvelables nécessitent des produits chimiques souvent nocifs pour l’environnement.

Pointe, alors, la question de l’obsolescence programmée. Hier sur mon compte de fournisseur téléphonique, on m’annonçait que j’aurais une importante réduction dans trois mois lorsque je voudrai changer de téléphone. Or, ce terminal est en parfait état. On le rendra obsolète en concevant des systèmes d’exploitation gourmands en mémoire et exigeant tant de gigas qu’il faudra peut-être en changer… Les opérateurs parient sur le fait que le consommateur veut changer de téléphone souvent. De ce fait, ils construisent des outils à bas coût et pas toujours très durables. L’obsolescence programmée devient systémique.

Que faire ? Toucher les bonnes filières de recyclage par le tri. En France, le tiers des téléphones y parvient. Ce n’est pas suffisant. Et moins de la moitié des métaux dans les téléphones sont recyclés. Mais quelques bonnes pratiques méritent d’être soulignées. On trouve des terminaux moins énergivores…. mais cela pousse à mettre davantage de monde dans les réseaux. Comme le bas coût de l’impression numérique a… multiplié l’impression des papiers. Ou encore, l’augmentation de la capacité d’un serveur faisant qu’il s’en installe encore plus…

Désespérant ?

_____________

(1) EcoInfo, groupement de service du CNRS sur les impacts écologiques et sociétaux des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Explorez en 1’45 un data center avec Street View

Source de l’image (en haut) : Hamina, Finlande. 

 


Une réponse à “Internet, sale pollueur”

  1. La fréquence de l’utilisation des portails des réseaux sociaux qui augmente de façon exponentielle chez les adolescents est un indice de cette consommation énergétique, en hausse croissante.
    10%, et c’est considérable, de la consommation énergétique globale, est donc consacré à ce poste, entreprises et particuliers ainsi que vous le rappelez. Comment sensibiliser les consommateurs à ce problème, la connexion étant constante pour de nombreux internautes, on doute que des injonctions du genre  » fermez le robinet pendant que vous vous brossez les dents « puissent être appliquées? Le recours aux serveurs , Google en tête est particulièrement énergétivore.
    Il serait opportun de rappeler que des câbles permettent l’accès à Internet et à l’info, de manière à rematérialiser le net, perçu comme virtuel et un peu magique, net qui a besoin de carburant. C’est ce qui est fait en cours de Géographie, à propos des flux et réseaux, mais je ne pense pas que ça marque les esprits des élèves déjà usagers. On insiste davantage sur l’utilisation des terres rares, du koltan, carburant des guerres en Afrique équatoriale, et exploités au Soudan, au Niger et en Chine dans des conditions plus que préjudiciables pour les mineurs.
    Merci pour cet article, passionnant une fois de plus!

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.