Sacré coup de canif dans la mondialisation


La mondialisation ? Que les géographes ont été faibles devant elle ! Elle expliquait tout. Tout lui était dû. Elle avalait tout. Un peu comme on dit aujourd’hui que le monde « s’uberise ». Tout serait passé à la moulinette d’une révolution numérique soufflant de la Silicon Valley.

Mais les choses bougent. Plus de soixante pays riches et moins riches sont d’accord depuis le 5 octobre 2015 pour lutter contre l’évasion fiscales des firmes multinationales.  Une victoire pour les Etats contre les firmes qui pratiquaient, en une formule hypocrite, « l’optimisation fiscale ». Autrement dit, une entreprise de déconnexion de l’activité réelle des pays où elle est conçue, des pays où les produits et les services sont fabriqués et vendus et de l’endroit où sont déclarés les impôts. Pour que des milliards d’euros échappent aux fiscs nationaux.

L’accord a été adopté au G20 de Lima ce 8 octobre 2015. Les entreprises ont un message clair et net : elles ne sont pas au-dessus des Etats. L’extraterritorialité disparaît. L’occasion pour Philippe Escande (Le Monde, 6 octobre 2015) de rappeler que déjà pour Braudel, le capitalisme n’existe pas sans connivence avec ceux qui détiennent la force légale.

La crise économique a été précieuse pour retrouver cette souveraineté. Les Etats ont, dans un premier temps, sauvé les firmes d’assurance par exemple (les Etats-Unis ont dépensé 900 milliards d’euros pour éviter la ruine aux assureurs, aux banques, aux constructeurs automobiles). Juste retour des choses : que les firmes versent des impôts. En 2010, Washington serre la vis.

Mais surtout, les coûts sociaux augmentent partout et l’Etat providence est à la peine. L’insolence des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), il n’aime pas trop. Pourtant, il s’agit juste d’utiliser un peu de technologie pour changer les règles du jeu… Le temps que les Etats fabriquent des outils aussi puissants pour les contrer. Il ne manquait que l’accord mondial. C’est fait !

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