Trois fous du pavé ou les géo-cancans d’Axel Kahn


Alors que le ciel est encombré par les avions et que les trains roulent à 300 km/h, marchez donc ! Marchez donc pour atteindre la notoriété qui vous manque dans la foule des voyageurs anonymes. Et n’oubliez pas de bloguer et tweetter vos exploits.

Imitez notre flamboyant généticien Axel Kahn, ancien président d’université  qui annonce urbi et orbi une traversée de la France du nord au sud (carte ci-dessus, sur son site). Plus exactement dans ce que les géographes connaissent sous l’appellation de « diagonale du vide » : des Ardennes au Pays-Basque. On se gratte le ventre à l’idée rapportée par L’Union-L’Ardennais (24 avril) qu’ »Axel Kahn animera des conférences et s’attend à de multiples rencontres ». N’étant pas géographe, notre généticien va devoir se rendre à l’évidence que traversant des territoires aux densités moyennes de moins de 10 habitants au kilomètre-carré, ses conférences sont menacées d’un flop. On lui conseille de rameuter les locaux avec des sujets sur le réchauffement climatique et la météo printanière humide du plateau de Langres. Qu’on se rassure, comme on voit sur la carte, il y aura de petits écarts dans l’itinéraire, notamment le 8 juin, au Petit-Pressigny (Indre-et-Loire) (308 habitants)  où est inauguré un « square Axel-Kahn » et sera plantée une variété de rose Axel-Kahn. Une rose des vents sur le toit de la mairie ?

Lassalle
Jean Lassalle sur la route

Kahn ne croisera donc pas Jean Lassalle (photo, à g.), député des Pyrénées-Atlantiques, plus modeste dans son balayage territorial : 450 petits kilomètres « à l’écoute du peuple » (Libération 4 mai) de Paris vers le nord, via la Somme. Précision pour les followers : pas de tricherie au compteur, vingt kilomètres par jour, sans monter en voiture. L’élu du MoDem porte costard et loden et sur son chef, le fameux béret du peuple. Qu’annoncez-vous de beau au peuple de France, M. Lassalle ? Il faut « s’adapter au basculement du monde ». Waaouh !

Le Canard enchaîné qui laisse traîner son bec partout annonce, enfin, que Raffarin affichant 65 printemps au compteur se contentera, à un train de sénateur, de 250 kilomètres, entre León et Saint-Jacques de Compostelle. On n’a pas de précisions sur la rencontre, les derniers jours, entre le prince du chabichou et J.-F. Copé. Vite BFM-TV !

Messieurs les Parlementaires géographes du bitume, c’est déjà les vacances ? Vous n’avez qu’à marcher pour vous faire entendre ?

 

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Pour refaire sa géographie, un extrait du blog d’A. K. sur Nouzonville, charmante cité des Ardennes
« La diversité des coutumes, des traditions, des caractères, des opinons, etc, est un enrichissement pour tous quand elle stimule la curiosité réciproque et les échanges. Lorsqu’elle  débouche sur l’incommunicabilité et l’isolement-enfermement communautaire, elle est un désastre. Tout voyage, même pédestre, y compris une simple promenade au sein de la ville, confronte à la succession rapide des paysages, des habitats, et des styles de vie, cette variété est à porter au crédit de la profusion de la nature et de la richesse incroyable de l’esprit humain, parfois elle témoigne de vrais processus de noyades collectives.
Nouzonville, où j’ai dormi, est une ville de plusieurs milliers d’habitants.  Elle et les cités environnantes étaient des  centres importants de la métallurgie ardennaise et comptaient d’importantes fonderies, boulonneries et clouteries, en particulier destinées aux chemins de fer. Il persiste de belles demeures de maitres et, à Bogny, de singuliers quartiers de maison ouvrières dans le plus pur style britannique » (etc ici).

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Si vous voulez suivre Jean Lassalle : un article du Point (14 mai 2013)

On craignait le rythme effréné du député marcheur, nous voilà rassurés. Pour suivre Jean Lassalle, il faut surtout s’armer de patience. L’ancien berger de la vallée d’Aspe n’est pas du matin. Réveillé par son aide de camp, « Zaza », cet échalas (1,90 m), qui dort en travers du lit, démarre la journée en douceur : quatre « chocolatines » pour son petit déjeuner, quelques coups de fil dans sa circonscription, des interviews téléphoniques, ensuite rasage et… soin des pieds !

Ce jour-là, le Béarnais qui a entrepris un tour de France pédestre fête ses 58 ans. Après une soirée animée au café du Centre de Marck (Pas-de-Calais), l’élu a trouvé refuge dans une charmante maison d’hôtes. Devant un feu de cheminée, il nous confie les raisons de sa démarche. « J’ai eu des insomnies tout l’hiver. Je me levais, j’allais marcher. Je sentais que le pays n’allait pas bien, je le sentais douloureusement, et je me suis dit : Est-ce qu’on a tout essayé ? » Son voisin pyrénéen, François Bayrou, élevé lui aussi à l’école de la non-violence de Lanza del Vasto, le compare carrément à Gandhi ! « C’est peut-être un peu plus difficile pour moi que pour Gandhi, ose Lassalle, avec son sens de l’humour légendaire. Je me demande de qui je pourrais libérer la France et quelle route du sel je pourrais ouvrir ! » Il a hésité, craignant les quolibets ou l’indifférence, s’est remémoré les conseils de son père disparu trop tôt : « Tu as toute la vie pour répondre aux questions que tu te poses. » Alors Lassalle a décidé de ne plus se poser de questions et de foncer. « Mais ma femme n’a pas trop compris pourquoi je fichais le camp, raconte-t-il façon Columbo. J’ai deux porcs basques à la maison et quatre enfants… » (la suite ici)

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