La vraie bête des Vosges : le sénateur Christian Poncelet


C. Poncelet inaugure une station de pompage (Thiéfosse)

Le massif vosgien, périphérie française, illuminé par sa ligne bleue qui n’intéresse que les Alsaciens, était connu des Français par son textile dans les vallées, ses crimes passionnels, ses munster qui puent si bon et son… festival de géographie. Certes, Saint-Dié dite des-Vosges (appellation tardive) fut une cité savante au XVIe siècle, mais tout ce temps est révolu. La rente des Vosges se situe ailleurs. Pour certains, du moins…

On savait qu’une bête rôdait, cherchait à faire du mal au bétail paissant sur les ballons. En réalité, la bête se cachait au pied du massif. Elle s’appelle Christian Poncelet, 86 printemps aux fraises. Un homme qui a mangé depuis cinquante ans à tous les râteliers de la République et goûté tous les honneurs. Le prototype d’homme politique qu’affectionne particulièrement Jacques Lévy. Cinquante ans de triples mandats électifs. Une vraie bête du cumulat

L’Algérie est encore française (1962) lorsqu’il entre à l’Assemblée, mandat qu’il rempile lorsque De Gaulle chante le Québec libre (1967) et rentre de Baden Baden (1968), puis quand Pompidou le confirme à l’UDR (1972). En même temps, le petit Poncelet bâtit son fief comme un enfant son château sur la plage : Conseil général depuis 1963, toujours réélu depuis, et président de ce même Conseil pendant… onze mandats consécutifs. Le bail a duré cinquante ans.

Notre gourmand amateur de tartes aux myrtilles accroche sa moule au rocher de la mairie de Remiremont, comme conseiller municipal, puis adjoint, puis maire au début de l’ère Mitterrand (1983). Un siège capitonné qu’il ne quitte que contraint par la loi anti-cumul de 2001. Bilan : trente-six ans. Pour emplir le panier, Poncelet siège au Conseil régional de Lorraine quatorze ans (1978-1992).

La bête des Vosges, un loup plus blanc que la neige des ballons

De l’autre côté de la ligne bleue, Strasbourg  est si tentante : un petit tour au Parlement européen (1979-1980) mais la cantine ne devait pas être à la hauteur. Voulez-vous un petit maroquin ? Faites valoir vos talents exceptionnels à Pierre Messmer, Jacques Chirac et Raymond Barre, premiers ministres qui trouvent à héberger ce pauvre hère dans les ministères (1972-1977). Grand oeuvre ministérielle dont on n’est incapable de retenir quoi que ce soit des mandats (hélas, pas de loi Poncelet pour l’immobilier).

La meilleure pioche, à l’heure de la sieste, est encore le palais du Luxembourg depuis 1977. En 2013, Poncelet achève un quatrième mandat de neuf ans. Avec un petit rab offert par la modification du calendrier électoral. Bilan : trente-six ans au Sénat. Record !

L’homme est vantard : il n’a jamais perdu d’élection. S’il eût été en Seine-Saint-Denis, que ce serait-il passé pour notre champion du cumul ? Il se vante moins, par les temps qui courent, de son accès à la réserve parlementaire pendant ses douze ans de présidence de la commission des finances du Sénat (1986-1998), à la présidence du Sénat (1998-2008).  Personne, pour l’instant, n’a pu reconstituer les montants dont il a disposé. Des millions d’euros, sans doute…. Attendons les limiers du Canard.

Poncelet est-il le dernier dinosaure de la politique ? Le journaliste Patrick Roger qui a mené l’enquête dans Le Monde a compté cent quarante-sept années de mandats électifs. Mais jurons qu’on verra Poncelet au festival de géographie sur la Chine en octobre 2013 donner la poignée de main à Jacques Lévy sur les rives de la Meurthe.

 

 

 


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