Land grabbing : les riches mangent dans les mains des pauvres


 Enfin, des preuves. Il fallait se voiler la face lorsque les géographes évoquaient le land grabbing, plus connu sous l’expression d’accaparement des terres de la part des riches dans des pays pauvres. On a connu un douloureux débat au café géo sur cette question…

De nouvelles preuves ? C’est Stefano Liberti qui les fournit dans son dernier livre en racontant une scène d’anthologie qui se passe à Ryiad, en Arabie saoudite en décembre 2010. Le degré de corruption des chefs d’Etat africains dépasse l’entendement. Il faut imaginer un ministre mozambicain de l’agriculture  mettre à disposition des terres au loyer annuel d’un dollar par hectare, puis un fonctionnaire éthiopien offrir la même chose pour 50 cents, puis un ministre centrafricain la gratuité (avec durée à préciser). Une scène  encore plus pénible lorsqu’on sait que les premiers investisseurs attendent cette troisième proposition pour se manifester…

Que fait Liberti de ces preuves ? Pas de jugement. Juste une pensée pour les paysans qui sont les premières victimes. Et une curiosité encore plus grande pour démonter les mécanismes faisant que des fonds d’investissement européens, canadiens, américains, des coopératives françaises, des pays comme la Chine,  l’Inde louent ou achètent des terres. Gilles Van Kote cite cette phrase : « Les pays du Golfe font aujourd’hui ce que les pays européens ont fait pendant des années ».

Des fermes détruites au Guatemala pour confisquer des terres

Des preuves accablantes en Afrique et en Amérique. Où l’on voit des parlementaires convaincre les petits paysans de céder leurs terres contre des indemnisations, des équipements collectifs qui n’ont jamais vu le jour. Liberti a sillonné la planète, raconte Van Kote : Brésil où les Indiens laissent des terres pour des cultures de soja transgénique pour les pays riches, Ethiopie où l’on accueille les investisseurs avec le tapis rouge, Chicago où les traders « achètent et vendent des céréales sans trop savoir pourquoi ».

Des preuves pour une conclusion sans appel  : « Les principaux responsables de ce « bradage » tous azimuts des terres sont les gouvernements nationaux ».

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Main basse sur la terre, de Stefano Liberti (Editions Rue de l’Echiquier, 224 p., 15 €)

 

 


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