Histoire-géo : les professeurs dans l’ivresse des réformes


La réforme au temps de Chevènement 1985

L’histoire-géo venant jusque dans les journaux où l’on parle du tiercé et de la dernière galipette de DSK, Geographica se doit de s’étonner de cette anomalie : les programmes ont été allégés en classe de troisième et terminale ! Mazette… Et on nous prie de louer l’engagement du ministre et de se réjouir d’une prochaine « refonte en profondeur ».

Question : pourquoi les programmes doivent être charcutés en permanence et constamment réécris ? Où est la liste des auteurs de ces programmes pour les mettre à l’index puisque leur copie est à ce point si calamiteuse ? A moins qu’il ne faille faire porter ce malheureux chapeau au ministre, certes ancien marketteur de L’Oréal égaré rue de Grenelle, souvenons-nous ? Un « nouveau » Conseil des programmes va voir le jour qui se fera moquer son travail dans trois ans, allégé, révisé et, finalement, remplacé. Jules Ferry, réveilles-toi, ils deviennent fous !

On est d’accord : la copie de cette année méritait d’être retoquée dans la plupart des disciplines, mais l’histoire géo est une telle passion française, qu’on n’aura pas attendu l’examen par la tutelle. Passion ? Dans quel pays au monde on pétitionne pour dénoncer ce que des syndicats ont écrit comme un « survol indigeste de thèmes qui s’enchaînent à un rythme effréné »?

La réforme au temps de René Haby (1975)

Jugeons un peu : le quart du programme disparaît en 3e ! En première, l’introduction est rabotée, le point fort est mis sur les guerres et les régimes totalitaires. Cette curieuse histoire de construction européenne est dissoute dans la géopolitique du monde actuel et le héros De Gaulle se fond dans la Ve République. Ce qu’on appelle la réflexion « transversale » comme « les idéologies au XXe siècle« , les questions bizarres à ces niveaux d’étude comme « le patrimoine » ou « Religion et société aux Etats-Unis depuis 1890« , ou encore les  débats (sic) sur la mondialisation, tout cela passe à la trappe et offre quelques dizaines d’heures de répit aux malheureux turbins.

Sur le terrain, les profs sont toujours agréablement surpris de voir qu’on leur sucre des cours qu’ils viennent juste de préparer pour la rentrée. Il faut s’indigner de cette forme de mépris de la part de l’institution. D’autres s’arrachent les cheveux pour expliquer en 5 heures ce qui se passe dans un Moyen Orient que De Gaulle trouvait déjà si « compliqué« . Revient toujours le serpent de mer de la chronologie. Les élèves des collèges et lycées sont souvent confondus avec des étudiants d’université : ils sont là pour apprendre la chronologie et, chouette, on fait comme si ils savaient !

Causons, causons ! Étalons nos débats sur la place publique ! Écrivons puis allégeons ! Renouvelons les manuels tous les trois ans (les éditeurs adorent).  Faisons des fautes dans les intitulés du bac. Fuitons les sujets du Capes. Perdons des copies d’agrégation. Et étonnons-nous que l’Éducation nationale soit perçue comme un bateau ivre. Les anciens Persans avaient un beau mot : « La vie est une ivresse continuelle : le plaisir passe, le mal de crâne reste. »

Vite une bière à Saint-Dié ou à Blois !

 

 

 


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