Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, n’y va pas par quatre chemins : elle veut que le Brésil dirige Internet. Profitant de l’émotion causée par l’espionnage de ses communications et celle de ses proches collaborateurs par la NSA, elle annonce sur Twitter un grand raoût au Brésil en avril 2014 sur la gouvernance mondiale d’Internet. Décision approuvée par Fadi Chehade, directeur de l’Icann, l’organisme américain chargé d’attribuer les noms de domaine.
Acclamée à la tribune de l’ONU il y a dix jours, Dilm Rousseff a clairement indiqué qu’elle voulait laver « l’affront » de cette atteinte à la souveraineté internationale. Non seulement, elle convoque l’ambassadeur des États-Unis, mais elle annule un rendez-vous à la Maison blanche.
Du coup, que devient Snowden, montré aux Etats-Unis comme un traître et un paria ? Ses dénonciations prennent, de fait, un vrai relief et poussent les pays émergents dont le Brésil à prendre la tête du combat pour que l’Icann soit émancipé des Etats-Unis. Mais «la décision d’organiser un grand sommet sur la gouvernance d’Internet émane autant de l’Icann que du Brésil», explique Magaly Pazello. Devant cette porte qui s’ouvre, le Brésil revendique un rôle de premier plan, donnant à connaître le «Marco Civil da Internet», une forme de constitution d’un Internet brésilien garantissant la protection de la vie privée et la liberté d’expression.
C’est une loi née de l’affaire Snowden qui peut servir de base pour un nouveau règlement international d’Internet, impliquant la société civile, les autorités politiques, le monde universitaire et les ONG. Un modèle multi-acteurs qui pourrait être confiée partiellement à l’ONU. Il faut éviter les règlements par les seuls gouvernements
«Si l’ONU devient l’instance de contrôle, le principe de « pluriparticipation » n’est plus respecté», selon Magaly Pazello pour qui il faut «libérer le débat et éviter qu’il ne soit prisonnier des gouvernements».