Pauvre forêt de Tasmanie!


Le « diable de Tasmanie »

De la Tasmanie, on connaissait le diable (de Tasmanie donc) personnage du dessin animé qui avait un rire bien particulier. Mais il rirait certainement jaune en voyant ce que l’industrie du bois s’est permis de faire dans son île natale. Comme le faisait remarquer récemment un article du Monde, l’exploitation du bois issu des forêts primaires de l’île a d’abord correspondu à un incroyable gâchis.

La Tasmanie, c’est cette grande île située au sud est de l’Australie, et très peu peuplée (un peu plus de 500 000 habitants pour environ 90 000 km²), mais tout de même soumise à un traitement de choc pour développer l’industrie de la pâte à bois. Yann Arthus-Bertrand, qui ne fait pas beaucoup dans la nuance, a présenté dans son documentaire, la Terre vue du Ciel, diffusé entre 2009 et 2011 sur France 3, le « défrichement »… aux dérivés du napalm pour revenir à bout de la forêt primaire. Et pourquoi? Mais pour replanter des espèces commerciales à croissance rapide, bien entendu!


Tasmanie deforestation au napalm par thesavoisien

La méthode est plutôt radicale… Mais depuis la diffusion de ce documentaire, les associations et ONG avaient eu gain de cause pour faire classer par l’UNESCO une bonne partie de la forêt primaire. Le retour des conservateurs au pouvoir semble remettre en cause cet accord, et c’est de nouveau l’émoi chez les défenseurs de la forêt primaire. Cela peut sembler caricatural, mais c’est au nom du profit que ces forêts sont détruites pour être remplacées par des forêts à but purement commercial. Le court terme contre le long terme. Le pot de fer contre le pot de terre? Pas si sûr…

Les aires protégées d’après http://www.habitatadvocate.com.au

Mais qu’est-ce qu’un forêt « primaire »? C’est une forêt qui fonctionne sans aucune altération ou interférence humaine. C’est à dire que l’on a affaire à des biotopes, pour ne pas dire des écosystèmes complets, équilibrés, et support d’une diversité de faune et de flore exceptionnelle (la fameuse biodiversité). Bien entendu, traitée au napalm, cette biodiversité fait plutôt grise mine. Les forêts primaires sur terre ne sont pas légion. Presque disparues en Europe, on en trouve encore des fragments un peu partout, mais la tendance est plutôt franchement à la baisse. Mais qu’importe puisque, après tout, elles ne serviraient à « rien »? Pourquoi les préserver alors? Parce que ce sont des milieux qui peuvent nous apprendre beaucoup, et qui sont une ressource, mais pas industrielle. C’est là toute la nuance, et c’est pour cette raison que l’industrie s’en désintéresse: elle préfère ravager les parcelles pour les replanter avec des espèces commerciales car la logique d’exploitation industrielle est intensive alors que ces forêts primaires, pour être raisonnablement exploitées, exigent une exploitation extensive.

L’argument le plus étrange pour faire déclasser la forêt protégée, c’est le fait de dire que la zone classée comporte des parcelles de forêts déjà dégradée, qui n’a donc pas sa place dans la zone protégée… CQFD. C’est une défense de la nature bien comprise.

Mais le fait important, qui risque de peser sur les décisions de l’UNESCO de déclasser ou pas, c’est que le tourisme dépasse à présent en revenu l’industrie forestière. Et les acheteurs de papier regardent de plus près à présent la provenance de leurs fournitures. Deux arguments qui dissuadent fortement l’industrie forestière de monter au créneau pour récupérer ces hectares de forêt.

Le côté gnan-gnan de certains écologistes naïfs peuvent un peu agacer, mais tout de même, le cas de la Tasmanie est un bon exemple de ces destructions massives et idiotes, qui ne servent qu’à très petite échéance. Les essences présentes tout comme les espèces animales sont d’une grande richesse et d’une grande originalité. C’est un réel patrimoine, et la patrimoine peut être intelligemment valorisé et protégé dès lors qu’il n’est pas… saccagé.


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